La plus longue ligne droite dans Paris, c’est le boulevard Voltaire, celui qui mène les manifestations de République à Nation ou de Nation à République, tracé à la règle par le baron Haussmann et inauguré en 1862, pensé pour maitriser les manifestations, éviter les barricades, et au besoin tirer au canon sur la foule. Le boulevard, aujourd’hui boulevard Voltaire, connut d’autres noms et une longue histoire du mouvement ouvrier et du peuple, c’est-à-dire de femmes et d’hommes de toutes origines et souvent confronté.e.s au pouvoir et à sa répression. Dans les récits de Michèle Audin, documentés de différentes sources, journalistiques, littéraires et autres archives, on constate que les arguments du pouvoir sont toujours les mêmes : il faut réprimer parce que les révoltés, les manifestants veulent s’en prendre à la police ; le boulevard l’a tellement entendue, cette rengaine ! Quatorze adresses, quatorze récits de luttes ou de souvenirs intimes : un Paris du peuple.
Suivent trente cinq ponts oulipiens, qui traversent la Seine vers son aval. Trente-cinq poèmes (et quatre-vingt-dix-neuf notes) pour traverser la ville d’Est en Ouest, rencontrant dans notre descente quatorze poètes. Michèle Audin, oulipienne, aime les chiffres. Et nous les fait aimer.