Quand la plupart des néo-banques ciblent uniformément les jeunes générations… et finissent par toutes se ressembler, Charlie croit à une autre possibilité de se différencier, avec une offre dédiée aux retraités. Non seulement cette niche est particulièrement attractive mais elle porte en outre des opportunités de personnalisation insoupçonnées.
Le sujet de la « silver economy » et des besoins spécifiques de la population vieillissante des régions développées revient régulièrement au devant de l'actualité. Pourtant rares sont les acteurs qui cherchent à s'aligner – et encore moins à capitaliser – sur une tendance inéluctable et massive. Une raison de ce désintérêt est la perception d'avoir affaire à des individus déconnectés donc difficiles à satisfaire à l'ère « digitale ». Or la crise sanitaire, entre autres, a profondément changé la donne en la matière.
Ainsi, le fondateur de Charlie estime que les seniors – notamment ceux qui viennent juste d'achever leur carrière et ont donc dû s'accommoder au quotidien, comme la majorité des travailleurs, des exigences du télétravail et des outils de communication à distance – sont désormais mûrs pour les services financiers en ligne (un soin particulier étant pris sur leur accessibilité par rapport aux déficiences de l'âge). Et en leur proposant des fonctions inédites, précisément adaptées à leur situation, il devrait parvenir à les convaincre.
La jeune pousse fournit un excellent exemple des innombrables détails susceptibles de faciliter la vie d'un segment de clientèle qu'on imagine, de prime abord, peu différencié. Fondamentalement, le point de départ de la construction de sa solution repose sur le constat de la rupture majeure que constitue l'arrêt d'activité professionnelle dans la vie financière d'une personne : il s'agit de passer d'une longue période d'accumulation de patrimoine à une phase de décroissance contrôlée potentiellement déstabilisante.
Ce socle doctrinal se traduit par l'ambition d'aider les retraités à tirer le meilleur parti de leurs ressources limitées. En ligne de mire, les projets les plus conséquents comportent par exemple la mise à disposition d'un fond indiciel (ETF) expressément conçu pour le désengagement, basé sur l'évolution de l'âge et de la tolérance au risque de son audience, ou encore une sorte de combinaison entre prêt hypothécaire et vente viagère destinée à exploiter une fraction du capital immobilier afin de compléter les revenus.
Dans l'immédiat, en attendant la réalisation de ces grands chantiers disruptifs, Charlie déploie quelques avantages pratiques, tels que l'avance sans frais du versement de la pension de sécurité sociale (en début et non plus en fin de mois), la rémunération des dépôts… À court terme, est également évoquée l'idée d'intégrer les réductions réservées ça et là aux seniors directement dans leur carte de paiement, de manière à éviter la gêne que peut représenter la présentation d'un justificatif. Dans un registre différent, la lutte contre la fraude sera aussi ajustée selon les usages normaux du segment visé.
Nul doute que, au fil du temps, d'autres spécificités de comportements des retraités dans leur relation à l'argent susciteront l'ajout de capacités supplémentaires enrichissant utilement la panoplie de Charlie. Le résultat devrait être à la mesure de l'enjeu, avec une offre rigoureusement calée sur les attentes de ses clients, à l'opposé des institutions traditionnelles et de leurs produits, services et conseils génériques, supposés convenir à tout le monde. Comme toujours, le plus ardu sera cependant de persuader les consommateurs concernés de transférer leurs comptes vers un nouvel établissement…