La France de ce début du XXIe siècle reste égalitariste et jacobine. L'égalitarisme et le jacobinisme ont un mot en commun: redistribution, un mot contraire aux libertés individuelles et à l'éthique puisqu'il n'y a pas consentement des personnes, un mot dont le synonyme tendance est répartition, accolé au système des retraites.
L'égalitarisme consiste en la redistribution des richesses, le jacobinisme en la redistribution des pouvoirs. Dans les deux cas, la redistribution se fait par l'État, c'est-à-dire par des hommes qui, d'une manière ou d'une autre, ont réussi à s'emparer du pouvoir, non pas pour défendre le droit, comme de juste, mais pour créer des lois...
Appliqué aux collectivités territoriales, ce concept socialiste de redistribution par l'État, c'est-à-dire par le haut, se traduit par deux mots emblématiques et trompeurs: péréquation et décentralisation. Les sources officielles de la République française, pour ceux qui douteraient encore du bien-fondé de ces qualificatifs, le confirment.
Sur le site Vie publique la péréquation est définie ainsi:
La péréquation vise à favoriser l'égalité entre les collectivités territoriales sur le plan des ressources.
La péréquation horizontale consiste à attribuer aux collectivités défavorisées une partie des ressources des collectivités les plus "riches".
La péréquation verticale est assurée par les dotations de l'État aux collectivités.
On retrouve là le concept de solidarité du socialisme, basé sur l'envie, de faire payer les riches. Quand ce ne sont pas les individus, ce sont les collectivités qu'il faut rançonner, avec l'illusion que les pauvres le seront moins, alors qu'il en résulte un appauvrissement général, une mauvaise action ne pouvant donner de bons fruits.
Sur le même site, la décentralisation est définie ainsi:
Par un processus de décentralisation, l'État transfère certaines de ses compétences aux collectivités territoriales et leur confère ainsi une certaine autonomie. D'autres entités peuvent se voir transférer des attributions de service public, on parle de décentralisation.
À la fin du XXe siècle, la France s'est progressivement décentralisée. Ce principe de décentralisation est mentionné dans la Constitution depuis 2003.
Il s'agit là de subsidiarité condescendante, alors que les collectivités territoriales, disposant de la plus grande autonomie, devraient à leur gré déléguer certains seulement de leurs pouvoirs1 à l'État, pour que les décisions continuent de se prendre au plus proche des citoyens, lesquels savent mieux que l'État ce qui est bon pour eux.
Pour ce qui est des régions, les compétences octroyées par l'État sont limitées: il ne faudrait pas qu'elles prennent trop d'importance, d'autant qu'elles sont déjà moins nombreuses, donc plus étendues. Leurs domaines d'intervention exclusifs, depuis le 1er janvier 2016, sont les suivants, comme le rappelle le Ministère de l'intérieur:
- Développement économique
- Gestion des programmes européens
- Formation, apprentissage et alternance
- Lycées
- Aménagement du territoire et environnement
- Transports.
Pour le financement des régions, une véritable usine à gaz a été élaborée. Ceux que cela intéresse liront avec profit la fiche WEKA sur le sujet. Quoi qu'il en soit, on apprend, par Le Monde du 2 mai 2023, que Valérie Pécresse, présidente de la Région Île de France, a saisi le tribunal administratif fin février pour en contester l'application2:
Le problème, c’est que l’Ile-de-France est la seule à être solidaire de tout le monde, dixit David Bonneau, directeur général des services de la région, qui n'en remet pas en cause le principe...
Le journaliste du Monde, Benoît Floc'h, commente naïvement: Si Valérie Pécresse obtient gain de cause, cela fera l’effet d’une bombe concernant tout le financement des collectivités locales. Car il n'y a pas grand risque que la bombe éclate quand on sait comment sont nommés par décret du Président les juges du tribunal administratif...
Francis Richard
1 - Il va de soi que, dans un pays libre, les seuls pouvoirs de l'État, comme ceux des collectivités territoriales, seraient restreints à la défense du droit, c'est-à-dire à la sécurité et à la justice.
2 - Selon Mme Pécresse, depuis la création du dispositif en 2013, [sa région] a en effet financé 97 % des fonds versés aux autres régions.