Pour son premier film de fiction, la cinéaste française, exilée depuis plus de 20 ans en Belgique, Eve Duchemin pose un regard assez inédit sur le monde carcéral.
Temps mort est directement issu de ses immersions en prison, où elle a rencontré des détenus qui lui ont inspiré les personnages de ce premier long métrage de fiction.
Pourquoi la sortie de prison n’est-elle pas heureuse ? Pourquoi la justice et la famille ne prennent pas le même temps pour estimer que la peine a été purgée ?
Pour tenter répondre à ses questions, elle sonde ce moment où les condamnés se rendent compte qu’à la peine pénale se substitue sans temps mort une honte sociale, qui elle, est sanctionnée à perpétuité. Ce week-end de liberté qui attend nos trois protagonistes apparait peu à peu comme un cadeau empoisonné, celui d'une possibilité d'un ailleurs qui ne peut exister au vu d'actions du passé impossible à rattraper.
La honte, le désespoir, les regrets et la perte de contrôle sont incarnés avec une justesse surprenante, presque palpable.
Portraits de trois hommes différents qui ont chacun une permission de quarante-huit heures et apprennent à (re)vivre avec les autres et le passé..Une unité de temps pleinement maitrisé pour un drame carcéral poignant et parfaitement interprété.
Le casting est exceptionnel, avec un Karim Leklou, prêt à dégoupiller à tout moment ainsi qu'un Isaka Sawadogo particulièrement convaincant et poignant dans la peau d'un détenu brisé par les 20 ans de placard.
A rebours du drame carcéral classique, Ève Duchemin signe un premier long-métrage prometteur et puissant.
Temps mort d’Ève Duchemin***
En salle le 3 mai.
Avec Karim Leklou, Isaka Sawadogo et Johan Leysen. Durée : 1h58.