Voir la porte se refermer. Entendre le bruit du verrou. Se trouver dans l'obscurité. Ne pas savoir pourquoi ni jusqu'à quand. Écouter chaque bruit. Attendre celui des pas. L'espérer et le craindre à la fois. Ne pas comprendre la raison de cet enfermement.
Ce début de roman est mystérieux. Il en indique toutefois la trame. Quelqu'un est séquestré dans le noir. Qui? Pourquoi? Comment?
José est atteint de cécité. Grâce à ce handicap, il a fait la connaissance de Mathilde, une bonne vieille dame qui l'a pris en amitié.
Ils se retrouvent régulièrement sur un banc au bord du lac. Les autres sens de José se sont développés, aiguisés: il voit, autrement.
Il est seul depuis que sa femme est morte et que sa fille Paula est partie en Amérique du Nord, même s'ils se téléphonent souvent.
Le déclenchement de l'histoire se fait Aveuglément quand il est bousculé par Marco et qu'il suit celui-ci dès lors à la trace olfactive.
Marco est revenu sur les rives du lac de la petite ville après sept ans de fuite. Il l'avait alors traversé pour faire croire qu'il s'était noyé.
Il avait fui l'opprobre d'une terrible accusation faite par sa femme, Claire, une amie d'enfance, qu'il avait aimée et qui l'avait déçu.
Pendant cette semaine de novembre, désormais, il est cet inconnu inquiétant qui regarde quatre enfants deviser sous le préau de l'école.
Margaux, Rosa, Justin et Léo forment une joyeuse bande fermée comme celle qui comprenait Claire, Éloïse, Johann et lui en son temps.
Marco regarde un enfant plus particulièrement et, chose curieuse, celui-ci sent bien que c'est lui qui est l'objet de toute son attention.
Pendant ce temps le vieil inspecteur Bruno Schneider, convalescent, coule des jours tranquilles avec sa femme Carla en Bourgogne.
Sophie Costa est l'ex-adjointe de Schneider. Elle est aussi la marraine de Margaux: décidément le monde est tout petit dans la petite ville.
Margaux, à la fin, sonne l'alerte disparition en rapport avec le prologue. Les liens entre les personnages et leur psychologie se dévoilent.
Tout s'explique: qui est séquestré, pourquoi, comment. Les policiers complices, Sophie et Bruno, qui est rentré de Vézelay, le découvrent.
Marco ne doit pas être revenu pour rien après que s'est révélé le personnage à l'origine des drames qui jalonnent ce thriller bien proverbial:
On n'est jamais aussi bien trahi que par les siens.
Francis Richard
Aveuglément, Laurence Voïta, 200 pages, Favre (sortie le 5 mai 2023)
Livres précédents aux Éditions Romann:
Vers vos vingt ans (2019)
... Au point 1230 (2020)