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Ceux qui rient sont ceux qui savent, de Michel Moret

Publié le 30 avril 2023 par Francisrichard @francisrichard
Ceux qui rient sont ceux qui savent, de Michel Moret

Méfions-nous de ceux qui croient savoir, mais cela ne constitue pas une raison pour ne plus chercher.

Michel Moret en publiant ces quelques textes brefs - neuf en tout et pour tout - a pensé au lecteur pressé d'aujourd'hui. Celui-ci, habitué à passer rapidement d'une chose à l'autre, à zapper, lui en sera certainement reconnaissant.

Dans Un lien sacré avec la vie, il raconte comment sa grand-mère, qui eut onze enfants accoucha toute seule de l'un d'entre eux au bord d'un ruisseau et aida sa fille, Berthe, c'est-à-dire sa mère, à accoucher de deux jumeaux:

J'avais trois ans et je ne cessais de scruter le ciel pour voir la cigogne qui avait été si généreuse. 

Dans Lecture du corps, il passe de celle de corps de vacanciers et d'amants à celles faites par un médecin intéressé par le bon fonctionnement des organes et par un médecin légiste qui déterminera probablement l'identité de l'assassin:

Le corps a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Dans Rencontre inhabituelle, en Ouganda, il raconte sa rencontre avec un gorille qu'il imagine l'entretenir des mystères de l'existence, c'est-à-dire de la vie, de Dieu, du monde, qui a toujours été obsédé par l'idée de la fin:

On m'a dit un jour que des étudiants de Mai 68 avaient inscrit sur un mur: "Si Dieu existe, c'est son problème". Ils étaient malins comme des singes.

Dans Changement de train, une phrase à propos du photographe Yvan Dalain, juif qui avait défendu la Suisse et sa gestion de certains capitaux pendant la Seconde Guerre mondiale, Michel Moret écrit cette phrase de grande portée:

Sous toutes les latitudes, les artistes se heurtent à l'esprit dogmatique de leur milieu.

Le fleuve de la vie ne tarit pas est un hymne au bonheur, même si tous les corps ne sont pas égaux dans la résistance au temps et que le destin nous joue des tours parfois scabreux. Ainsi la nuit est-elle propice à la réminiscence et au sens:

Toutes les recherches scientifiques et poétiques ont le même socle: l'observation.

Le loup et le cerf est une réflexion sur le prédateur et sa proie. Michel Moret établit un parallèle entre ceux qui défendent le développement du loup et ceux qui défendent Poutine, le tueur universel. Il exprime le voeu que sa dame l'humanise:

Le mal que l'on fait à autrui, on le fait d'abord à soi-même et à son peuple.

Dans Débordements de l'âme, il raconte l'histoire d'une dame inconnue de la famille d'un défunt, venue déposer une rose sur la tombe de celui-ci, tombée en pâmoison, emmenée à l'hôpital. À tort, les commentaires allèrent bon train, en réalité:

L'étude des hommes est plus compliquée que l'étude des étoiles.

Il est apaisé par Le sourire de Notre-Dame des neiges dans l'aire où des réfugiés juifs passèrent sept décennies plus tôt et où il s'arrête avec son filleul de six ans, qui lui a confié son angoisse d'aimer un jour deux femmes au risque de les blesser toutes deux:

Que ce soit en Histoire ou en amour, certaines questions restent sans réponse.

Dans Pisser en Suisse, c'est-à-dire en solitaire, il doute parfois que la Suisse existe. Construite autrement, elle a retiré de sa neutralité un bénéfice moral et matériel; n'a pas développé le culte de la personnalité; contrainte, a relevé le défi de la finance.

Aujourd'hui le récent métissage franco-suisse est particulièrement fécond:

Les Français apportent leur esprit frondeur et aristocratique et les Helvètes, leur pragmatisme et le sens des responsabilités.

Si chaque Suisse a sa France, la sienne, c'est sa bibliothèque:

Montaigne, Victor Hugo, Flaubert et Balzac pour ne citer que ceux qui renouvellent mon coeur et mon esprit.

Francis Richard

Ceux qui rient sont ceux qui savent, Michel Moret, 64 pages, Éditions de l'Aire

Livre précédent:

Le vieil homme et le livre (2021)


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