L'omniprésence des logiciels dans notre monde contemporain et leur complexité croissante font du numérique une des sources majeures et en progression constante d'émissions de gaz à effet de serre. Après une phase de sensibilisation et d'éducation des développeurs, concernés au premier chef, l'heure est venue de leur proposer des outils concrets.
Telle est donc la mission assignée au challenge ecoCode, dans le prolongement de celle que porte la structure de recherche de même nom autour des bonnes pratiques à encourager afin de réduire les impacts environnementaux des applications omniprésentes. Il prend la forme d'un hackathon, au cours duquel les participants sont invités non plus seulement à imaginer des règles et des recommandations mais à implémenter des contrôles opérationnels, outillés, sur le code produit.
La voie retenue pour remplir cette objectif est aussi élégante que pertinente. Elle consiste en effet à intégrer des capacités spécialisées sur la dimension responsable au sein de SonarQube, une plate-forme largement utilisée dans les équipes informatiques pour la recherche d'erreurs en tout genre dans leurs programmes. Un greffon dédié à l'éco-conception a été défini afin d'accueillir toutes les bonnes idées en la matière, qui peuvent de la sorte être mises en œuvre sans changement dans les procédures habituelles.
Plus précisément, dans une organisation ayant déjà intégré le système dans sa chaîne de développement, il suffira d'activer l'option ad hoc pour obtenir, lors de l'analyse de qualité effectuée normalement à l'issue des tests unitaires, des alertes sur les bourdes (classiques) susceptibles d'engendrer une surconsommation énergétique, aux côtés de celles révélant des anomalies algorithmiques, des vulnérabilités de cybersécurité…
Sponsorisé et co-organisé par le Crédit Agricole (Société Générale et la Banque de France étant également partenaires), le challenge, dont la deuxième édition se déroulait au début de ce mois d'avril, semble avoir été particulièrement prolifique. La centaine de personnes rassemblées pour l'occasion, dont bon nombre d'étudiants en provenance de plusieurs écoles (Neoma, Epita, INSA Lyon, Université Paris Dauphine…), ont ainsi contribué un total de 34 nouvelles règles, validées par un jury d'experts, autant du point de vue de leur légitimité théorique que de leurs modalités de vérification.
L'exercice est doublement vertueux, en animant un effet de communauté autour de l'événement lui-même (avec des retombées sur l'ensemble de l'initiative ecoCode) et en aboutissant à un résultat – distribué sous licence libre, comme tous les artefacts de l'entité – immédiatement exploitable par toutes les entreprises. Sur ce dernier plan, le passage à une démarche pragmatique, qui ne se contente pas d'un corpus documentaire mais l'accompagne d'un outillage adapté, est une avancée essentielle pour la généralisation de pratiques respectueuses de l'environnement dans les départements informatiques.