Lorsque le Désir fond sur ma chair et la mord,
Je me pétris joyeux sous sa serre brutale,
Et rien de moi n’échappe à l’emprise totale,
Et mes os ont connu l’affre fou de la mort.
Quand le poids d’un regard plus puissant que le sort
Me ploie ainsi qu’un jonc è la douleur fatale,
J’exulte dans l’Orgueil et dans le Deuil m’étale,
Et je suis plein d’un maître impitoyable et fort.
Vois, dans le rouge éclair de ton extase offerte,
Je plonge aux absolus en chantant à ma perte.
Toi seul es pur, aîné des dieux, sacré Désir !
L’analyse n’a point profané ton essence,
Le monde t’a donné, dans sa longue démence,
Tant de blasphémateurs qu’il te doit un martyr !
Robert d’Humières
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