Il y a quelques semaines, un ami me reparlait de Matmatah après avoir été les voir lors de leur passage pour la tournée de leur nouvel album Miscellanées Bissextiles. Avant cela, mes souvenirs du groupe français remontent à leur tout premier album dont le succès fut monstrueux, avec plusieurs tubes phénoménales, en 1998. Succès qui laissa des traînées de poudre : je me souviens notamment de « L’apologie » lors de mes soirées étudiantes, alors que c’était quelques années après sa sortie déjà. Derrière, en 2005, ma petite amie de l’époque avait l’album et c’était alors une splendide découverte, pour moi qui n’écoutait quasiment pas de musique française.
Nous voici en 2023, de l’eau a coulé sous les ponts, et Matmatah revient avec ce qui est son sixième album – qui plus est, un double ! Pourquoi un double râlerons certains ? En effet, les quatorze chansons tiendraient sans souci sur un seul et même disque. Pour autant, depuis quelques années maintenant, tendance années 2020 en particulier (j’explique personnellement cela par l’accessibilité tellement rapide à la musique sur Internet et à la vague sans cesse grandissante de l’engouement pour les vinyles), de plus en plus d’artistes continuent à publier des albums mais avec moins de chansons, sur un temps plus réduit.
Aussi Matmatah est-il simplement en accord avec cette tendance plutôt agréable, de réfléchir à la création d’une œuvre pas forcément trop dense, trop longue. Dès lors, étant donné les nombreuses idées qu’ils ont eu, sortir un album en deux parties est un excellent choix, d’autant plus avec un morceau liminaire de dix-neuf minutes ! Pour le coup, en 2023, tout autant qu’il y a vingt ou cinquante ans, cela reste un choix osé, tout du moins dans le rock (oui, dans l’univers de l’électronique, aucune frontière n’existe réellement, tout est possible). Aussi « Erlenmeyer » se développe-t-elle en huit parties s’enchaînant à merveille. Plus loin, en fin de disque un et début de disque deux, « Hypnagogia » et « Trenkenn fisel » prennent également leur temps en plus de sept minutes chacune.
Je suis troublé de constater que lorsque Tristan Nihouarn chante en anglais, j’ai comme l’impression d’entendre un certain Brian Molko (oui, le leader ô combien charismatique de Placebo, que j’avais découvert avec leur deuxième album, en 1998 !), et c’est évidement plutôt un compliment bien sûr.
À quand remonte mon dernier double album ? Je pense immédiatement à Mellon Collie And The Infinite Sadness des Smashing Pumpkins. Si la référence semblera impressionnante, et intimidante surtout, Miscellanées Bissextiles a tout pour devenir l’un des plus grands double albums de l’histoire du rock français et de la musique française tout court.
(in Heepro Music, le 29/04/2023)
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