Ricky Ford par Juan Carlos HERNANDEZ
Du hard bop à fond les manettes dès le départ. Ca attaque sévère. Sax échevelé, velu même. La pulsation de la contrebasse se sent dans le ventre. Le batteur nous tranche finement le cerveau aux baguettes. Le pianiste ponctue de temps en temps. Un concentré d'énergie vitale. Fouette, cocher ! La diligence dévale. Mario Canonge est aussi un pianiste de Jazz, pas seulement de " Zouk out ". Tout est en place, tenu serré de près. Ca swingue terrible. Mes pieds dansent la gigue sur mon tabouret. Pemier solo de batterie. Les baguettes font chanter les tambours puis scintiller. Un bébé dans sa poussette se fait biberonner au Jazz. Il tient bien en mains un vrai biberon de lait, rassurez-vous, lectrices mères de famille, lecteurs pères de famille. J'ai reconnu le thème mais pas le titre.
Une composition écrite par Ricky Ford lorsqu'il enseignait la musique à Istanbul. " Hos geldin ". " Bienvenue " en français. Petite influence orientale dans le jeu du batteur. Heureusement pour le bébé et ses parents, plus personne ne fume dans les clubs de Jazz. Le groupe nous offre de l'énergie à flux tendu. Solo de piano finement soutenu par la contrebasse et la batterie. Ca vole joyeusement. Le père s'occupe du bébé et de son biberon, lectrices mères de famille, lecteurs pères de famille.
" Frustration " ( Duke Ellington). Une ballade langoureuse. Batteur aux balais. Solo bien chaud et viril du sax ténor qui exprime la frustration du titre. La musique est toujours aussi langoureuse. Elle plaît moins au bébé qui commence à grogner.
" Mood Indigo " ( Duke Ellington). Un thème de 1930 toujours aussi séduisant. Batteur aux balais. Pas lents de la contrebasse. Saxophone paresseux et langoureux à souhait. Ca marche. Le bébé se calme. Solo de contrebasse grave et souple, finement secondé par le piano et la batterie. Je me souviens de mon premier concert de Jazz. J'avais 6 ans en 1977 quand mon père m'a emmené écouter du boogie woogie. La flamme du Jazz ne s'est jamais éteinte depuis pour moi. Le bébé gazouille. Tout le monde écoute, même au bar. Bonne ambiance. Je reconnais les thèmes que Ricky Ford aime jouer en concert mais les musiciens changent et c'est toujours aussi bon. Le son du sax ténor s'étire sans se rompre jusqu'au final. Respiration circulaire je pense.
" I too " inspiré d'un poème de Langston Hughes. Batteur aux baguettes. Le tempo s'accélère. Ca pulse de nouveau énergiquement. Le bébé grogne surtout pendant les pauses entre les morceaux. En mélomane exigeant, il veut que les morceaux s'enchaînent, sans temps mort. Je l'approuve. Solo dans le grave du piano. Ca roule. Contrebasse et batterie soutiennent implacablement.
" Ricky's Bossa ". Une Bossa Nova très nord-américaine. La Bossa de Ricky Ford. Relâchée et tendue en même temps. La mère a installé son fils sur ses genoux. Il sait déjà applaudir un solo. Un an à peine. Une vraie publicité vivante pour les bébés. Sage et attentif. Il se fait bercer en rythme mais il écoute. Il n'est pas là pour dormir. Cf extrait audio au dessus de cet article.
Une chanson écrite par un saxophoniste anglais pour Harry Connick Jr. " My Blue Heaven" . Ca attaque. En effet, j'entends le sax ténor jouer les mots " My blue Heaven " . La musique me réveille bien. Le bébé aussi. Un peu de piano stride dans le solo de Mario Canonge.
Le bébé est en grande forme mais, lui, n'a pas école demain matin. Je le laisse donc écouter la suite du concert, sous contrôle parental.
La photographie de Ricky Ford est l'oeuvre de l'Irremplaçable Juan Carlos HERNANDEZ. T oute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.