L’historien Arthur Mettetal, l’un des commissaires de l'exposition nous rappelle l’importance de ce train "Avec l'Orient-Express, on a quasiment une histoire totale : politique, diplomatique, culturelle, cinématographique... Mais l'exposition montre aussi son histoire sociale et technique, qui est parfois oubliée". L’exposition est coproduite par le Fonds de dotation Orient-Express créé en 2018 à l’initiative de la société Orient Express pour valoriser le patrimoine et la culture attachés au célèbre train et à son histoire, et les Rencontres d’Arles. C’est aussi le deuxième volet de l’exposition "Orient-Express & Cie". Entre histoire et mythologie" présentée du 4 juillet au 26 septembre 2021 à l’Espace van Gogh, dans le cadre des Rencontres d’Arles.
Certains se demanderont peut-être pourquoi elle a lieu à Rome. D’abord, parce qu’un autre train créé la même année est également à l'honneur dans l’exposition. Moins célèbre certes mais aussi prestigieux, le Rome-Express, appelé au début "Calais-Nice-Rome-Express", train de luxe de la Compagnie Internationale des wagons-lits qui reliait Paris à Rome à partir de décembre 1883. Il longeait la Côte d'Azur puis la Riviera italienne et était fort apprécié des touristes britanniques en hiver. Il renaît cette année sous le nom d’"Orient-express La Dolce Vita" avec des voitures de Trenitalia des années 1970, rénovées luxueusement qui parcourront l’Italie à partir de 2024.
Le groupe hôtelier Accor, sixième mondial, est maintenant à la tête de sa filiale Orient-Express avec le groupe italien Arsenale S.p.A., depuis que la SNCF lui a vendu ses parts. En outre, le groupe Accor a choisi la capitale italienne pour son premier établissement "Orient-Express. La Minerva Hotel" qui ouvrira en 2024, dans un décor réalisé par l’architecte d’intérieur Hugo Toro qui s’est inspiré de l’histoire de Rome pour créer un lieu élégant, s’harmonisant avec l’environnement. C’est l’ancien palazzo Fonseca du XVIIe siècle dans le quartier du Panthéon. En 1832, il était devenu "Grand hôtel Minerva" et accueillait notamment Stendhal, Cavour ou José de San Martín, héros de l’indépendance argentine.
L’hôtel Donà Giovannelli à Venise dans les murs d’un ancien palais ouvrira prochainement.
Pour cette exposition célébrant les 140 ans de l’Orient-Express, exploité entre 1883 et 1977 sur le parcours de Paris à Constantinople, puis Istanbul, on a réuni plus de 200 pièces venues des archives de la Compagnie Internationale des wagons-lits. Elle avait été fondée en 1876 par l’ingénieur belge Georges Nagelmackers. Plans, dessins techniques, horaires, menus, lettres, étiquettes de bagages, affiches publicitaires et photos; certaines d’anonymes et d’autres de noms connus comme Paul Nadar. L’autre commissaire de l’exposition, Eva Gravayat, directrice de projets culturels, déclare "Il fallait construire ces trains, avec des plans techniques très détaillés pour savoir comment on allait les décorer, dessiner la moindre cuillère, tasse, pour que tout soit maîtrisé, mais aussi avoir des draps frais et de la nourriture cuisinée". Les coulisses de ce palace ambulant ne sont pas oubliées, on apprend ce qu’il en est de la construction des voitures, des cuisines, des blanchisseries entre autres. Tous ces documents viennent du Fonds de Dotation Orient-Express, de la Collection Pierre de Gigord Paris, du Fonds SNCF, SARDO, du Centre National des Archives Historiques, du ministère de la Culture, de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine et de la Fondazione FS Italiane.
Par ailleurs, le fonds de dotation Orient-Express a invité la photographe et réalisatrice Sarah Moon et l’écrivain Mathias Enard à livrer leur vision de l’Orient-Express. Sarah Moon a souvent voyagé sur les traces de l’Orient-Express, parcours réels et imaginaires de Paris à Vienne et Budapest, ce qui donnera lieu à un film de 3 minutes. Quant à Mathias Enard, prix Goncourt 2015 pour "Boussole" chez Actes Sud et ancien pensionnaire de la Villa Médicis en 2005-2006, il a préparé pour l’exposition un docufiction sonore, en partenariat avec France Culture. On en écoute les quatre épisodes en parcourant les salles, la locomotive, le wagon-lit, la voiture-bar et le wagon-restaurant. Dans cette traversée de l’Europe, on est accompagné par les récits, vécus ou imaginaires, des écrivains qui n’ont pas peu contribué à la naissance du mythe de l’Orient-Express, Paul Morand, Guillaume Apollinaire, John dos Passos et Valéry Larbaud entre autres.
Tout changea après la Seconde Guerre, des wagons de seconde et de troisième classe furent attachés au train de luxe, des passagers l’empruntèrent sur de courtes distances et non plus pour les loisirs. Tout cela précipita la fin de l'Orient-Express. Mais il fait toujours rêver. Nous ne tarderons pas à savoir comment son successeur sera perçu.
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Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur
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