Une ballade pour commencer. Batteuse aux baguettes qui hache finement les cymbales. Plainte du violon. Boucle du piano. Elles nous envoûtent dès le départ. Ca marche. Le public est sage comme une image. Pas de conversation au bar. Pas d'applaudissement que le violon se tait. Ecoute attentive. La main gauche de la pianiste poursuit son ostinato alors que la main droite est libre. La batteuse soutient doucement et précisément. Captivant. Le violon reprend sa plainte mélancolique. C'était " Le reflet " (Moeun Son).
Le groupe s'est formé il y a 3 semaines et joue son premier concert en public. Cela ne s'entend pas.
" Dialogue " (Van Oers). Batteuse aux balais. La pianiste attaque. Ca chante. La violoniste étire les sens puis la musique s'envole avec le violon. Bien poussée par le piano et la batterie. L'absence de pulsation de la contrebasse ne se fait pas sentir. Dialogue piano & batterie aux balais. Souple et bondissant. Ca joue au volant (badminton in english). 1 er solo de batteuse aux balais, en finesse, ponctuée par le piano. " La femme est un animal à cheveux longs et à idées courtes " (Arthur Schopenhauer). Pensée déjà stupide à son époque. Clara Wieck épouse Schumann jouait et composait du vivant de Schopenhauer. Ca l'est toujours. Les 3 musiciennes du trio Enodia ont les cheveux longs et fourmillent d'idées et d'émotions.
Attaque en trio. Stridences du violon. Coups de balais sur la batterie. Notes percutées dans les aigus du piano. Elles ont décidé de grincer, de ne pas faire joli. Ca s'organise. La batteuse passe aux maillets. Plainte aigue du violon puis tout se lâche, se libère dans le grave. " Oiseau migrateur " (Moeun Son). Effectivement, la musique vole, légère et puissante. Ca plane pour moi. Petit côté folklore irlandais dans le jeu de violon. Je vois bien l'oiseau passer au-dessus de la mer et de la lande.
" Mai 22 " puis " Le temps à Paris ", deux compositions de Pieternel Van Oers. La pianiste attaque joyeusement et clairement. La batteuse reprend finement aux balais. Le violon se ballade par au-dessus. Ma voisine de gauche est dedans. Elle hoche la tête en mesure. Le violon ponctue le dialogue entre piano et batterie.
" Le temps à Paris " écrit pendant le confinement de mars à mai 2020. La sensation d'enfermement s'entend. Le regard par la fenêtre à la recherche d'air et d'espace. La batteuse ponctue régulièrement aux baguettes. Energiquement mais en souplesse. Cf vidéo sous cet article pour une autre version en concert au Sunside par le trio de Pieternel Van Oers.
" Papillon " (Moeun Son). Enodia c'est le nom d'une espèce de papillons d'Amérique du Nord et du trio. " Papillon " fut composé pour fêter la création du trio. Batteuse à mains nues. Elle malaxe ses tambours. Le violon reprend, le piano s'ajoute et la musique s'envole en tout sens, légère et colorée comme un papillon. Solo de batterie aux maillets. Ambiance de château hanté tout à coup. Le trio reprend avec la batteuse aux baguettes. Fin claire et nette.
La salle est comble et le public comblé. La musique est splendide mais mon carnet de notes est fini. La chronique aussi. Mon voisin de droite, le pianiste Marc Benham, pianiste déjà célébré sur ce blog, est resté écouter la suite du concert.