Bulle (Envoles-Toi)

Publié le 26 avril 2023 par Hunterjones
Nous vivons des semaines intenses à la maison depuis quelques temps. 

Principalement avec notre plus grand, Monkee, 23 ans. 

Il a brisé trois parois de sa voiture en voulant s'extirper d'un parking impossible au Centre-Ville. Il a écopé d'une contravention pour avoir brûlé un arrêt parce que trop pressé et énervé de se rendre à son examen final de paramédic. Ce n'était pas assez, mal organisé, ses papiers d'assurances étaient passés date et ça lui a fait une seconde contravention. 300$ total. 

Finalement, comme si un Dieu du désarroi s'acharnait sur lui, il a très soudainement, et ce, sans aucune explication, vomi sur son clavier de MacInstosh et ce clavier ne répond maintenant plus. 

Tout ça, en 7 jours. Il terminait sa scolarité, Urgence Santé a très envie de très vite l'engager, mais oh! surprise, il a choisi de se greffer à 8 autres ami(e)s, 4 gars 5 filles au final, afin d'aller avec eux au Costa Rica.

Fêter tout ça ensemble dans un RCBO pouvant contenir 10 invité(e)s. Fin de session rock'n roll comme elles le sont toutes mais en choisissant le ton de sa musique. Il y a 7 jours, il n'allait nulle part, hier matin je le déposais à l'aéroport.

C'est la veille qui m'a marqué. 

J'écoutais les séries éliminatoires de la LNH. Crevé de ma journée de travail et après avoir installé de l'urine de coyote à l'entrée du trou de la marmotte qui se terre sous notre cabanon. J'avais facilement 10 tiroirs d'ouverts dans ma tête. L'amoureuse aussi. On a pas connu ça, plus jeune, deux parents crevés du travail, au retour à la maison. Et je nous ai trouvé à la traine avec nos deux kids. Mais en même temps, à leur âge, on ne restait plus avec nos parents. (23 ans et sa soeur Punkee, 19).

J'avais le tiroir du souper à préparer d'ouvert. Celui de l'urine de coyote. Celui de la fête à une nièce à ne pas oublier d'appeller quand on serait tous les 4 à la maison en même temps. Celui de mes idées sur le blogue que j'écris sur Bowie, qui m'inspire encore beaucoup au travers de la mort. Celui de ce blogue où je me disais que j'avais pu être plus riche et généreux dans ma chronique d'hier sur Fucker (sic) Carlson. J'aurais pu détailler davantage pourquoi il est un grave danger. J'avais aussi le tiroir des ballados que je suis actuellement. Celui de Tarantino/Avary/Avary qui se renouvelle tous les mardis, mais celui sur Rush et celui sur Bowie qui se renouvelle aléatoirement aussi. Et celui des 1001 albums que vous devriez écouter avant de mourir. J'avais le tiroir d'être dispo pour notre fils qui faisait les préparations de dernière minute de son voyage de 10 jours. J'avais un oeil sur les séries de la LNH qui jouaient à la télé. J'avais en tête de compléter ma consommation de calories qui est de 900 par jour, je n'étais qu'à 389 calories vers 19h00 je suis facilement avancé dans le 500 d'habitude à cette heure, rameur ? vélo ? marche ? jogging ? Quand notre fille est arrivée, elle a plongé dans une boite de souvenirs personnels, de sa naissance, et s'émerveillait là où avait plus beaucoup d'espace mental pour le faire. Je lui ai accordé de mon attention. Mais je me savais mentalement éparpillé.Charge mentale, vous dites ?

Je voulais, jadis naguère, 4 enfants. Ce serait toujours ainsi dans nos têtes si j'avais poursuivi l'idée avec ma blonde. J'ai eu une pensée pour mon ami Charp et sa sainte amoureuse qui ont ensemble 6 enfants.

Vous avez bien lu. 6.

J'ai pas atteint les 900 calories brulées en soirée. Fallait jeter du lest. J'ai pas encore trouvé de moyen de vérifier si la marmotte a quitté le dessous de mon cabanon, je trouverai bientôt. Faut que je refasse de toute manière, hier matin j'ai pris le petit plat d'urine de coyote et l'ai échappé dans le sol déjà humide de l'entrée du trou sous le cabanon. Vidant le contenant de son contenu. Ça sera efficace ? J'ai encore de l'urine de coyote. Je vais retravailler le concept de distanciation du siffleux. L'équipe que je voulais voir gagner ne l'a pas fait au hockey. 

Certains tiroirs ne fermaient pas bien dans ma tête.

J'ai regardé ma puce, sur le divan. Qui épluchait la petite boite contenant ses premières dents, sa première mâchoire pré-broches moulée dans le plâtre, de vieilles photos. Je la voyais rayonnante, du pétillant dans l'oeil, elle qui venait d'apprendre qu'elle avait eu 85% sur son rapport de stage comme infirmière. Qui adore ce qu'elle étudie. Je suis fier d'elle.

Son frère, qui bookait sur le net un dodo pré-RCBO, dans le coin de San José, ils sont 2 à arriver plus tôt. Un troisième demain. Les autres, au compte-gouttes d'ici vendredi.

Pendant quelques instants, on était complètement 4 bulles.

Ma fille dans ses souvenirs de bébé. Mon fils dans ses préparatifs de voyage. L'amoureuse sur son téléphone consultant le site "Les Voyageuses du Québec" (une perle pour les questions voyages). Moi qui écrivait sur Bowie devant le hockey, mon manteau sur le dos car je devais aussi déplacer les autos dans l'entrée et ramener le chat. 

Hier matin, rituel habituel pour moi, levée du corps à 5h00 mais cette fois j'avais Monkee à mes côtés.

Que je laissais à l'aéroport à 6h00. Mon heure habituelle d'entrée au bureau. Au moment de vous écrire ceci, il profite, avec un ami, du salon VIP auquel le statut royal de l'amoureuse qui peuple ma vie offre un service princier et le comble de gratuités et de privilèges que je suis fort heureux de le voir savourer. 

À 9h41 AM , il nous textait "Dans l'avion !"

Comme disais Pépin, dans ma jeunesse, série jeunesse qui avait déjà 10 ans: Bulle, envoles-toi.