Serrez bien les fesses car ce n’est plus qu’une question de temps : le papier hygiénique traditionnel – que nous surnommons tendrement « PQ » – serait en passe de vivre ses derniers jours. Et pour le coup la cause n’en sera pas le Covid, lui qui avait pourtant bon dos !
Plusieurs raisons à cela : tout d’abord le prix qui grimpe en flèche (c’est le cas de le dire que ce produit vaut désormais la peau du ***! – son impact sur la planète minimisé à tort jusqu’ici, sans oublier les risques encourus pour la santé humaine sur le long terme à cause des « polluants éternels » ultra-toxiques qu’il contient. Rien que ça. De quoi torcher en quelques secondes un essentiel utilisé dans nos salles de bain depuis des siècles !
Pour beaucoup il s’agirait d’une intox que l’on agite depuis 2020. Pas si sûr puisque le contexte économique a fortement changé depuis, notamment sous la pression d’une l’inflation galopante et de l’interdiction d’exporter du bouleau russe utilisé pour adoucir les produits du quotidien. Quid ? D’abord plus fin et plus cher, notre cher « PQ » déserterait in fine les rayons des supermarchés au profit de toilettes à la japonaise par exemple… ça en bouche un coin n’est-ce pas ?
Va donc falloir y aller molo sur la fibre (pas de bol pour les amateurs de riz car lui aussi est concerné par la crise), mais n’est pas Gargantua qui veut pour lui trouver un digne remplaçant. Si l’on évoque souvent le grand retour du bidet, du papier toilette réutilisable en coton ou de l’Indétrônable duo eau et savon (faut bien mettre les mains à la pâte !), les alternatives ne manquent pas comme le prouve le célèbre « torchecul » de Rabelais… morceaux sélectionnés pour votre bon plaisir. De quoi vous soulager d’un poids en passant. Postérieurs délicats s’abstenir.
ééChapitre 13 de Gargantua par François Rabelais
J’ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de me torcher le cul. C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu’on ait jamais vu.
(…)
Après, dit Gargantua, je me torchai avec un couvre-chef, un oreiller, une pantoufle, une gibecière, un panier (mais quel peu agréable torche-cul !), puis avec un chapeau.
Remarquez que parmi les chapeaux, les uns sont de feutre rasé, d’autres à poil, d’autres de velours, d’autres de taffetas.
Le meilleur d’entre tous, c’est celui à poil, car il absterge excellemment la matière fécale.
Puis je me torchai avec une poule, un coq, un poulet, la peau d’un veau, un lièvre, un pigeon, un cormoran, un sac d’avocat, une cagoule, une coiffe, un leurre.
« Mais pour conclure, je dis et je maintiens qu’il n’y a pas de meilleur torche-cul qu’un oison bien duveteux, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes.
Croyez-m’en sur l’honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu’à cause de la bonne chaleur de l’oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu’à se transmettre à la région du coeur et à celle du cerveau.
Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Elysées tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent les vieilles de par ici.
Elle tient, selon mon opinion, à ce qu’ils se torchent le cul avec un oison ; c’est aussi l’opinion de Maître Jean d’Ecosse.