- Mel McVeigh est une photographe qui a créé une série de portraits avec des hommes qu’elle a rencontrés sur Tinder.
- Elle dit qu’elle en a appris davantage sur la connexion et l’intimité grâce à ce projet.
- Voici son histoire, racontée à l’écrivain Ash Jurberg.
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Cet essai as-told-to est basé sur une conversation avec Mel McVeigh. Il a été modifié pour plus de longueur et de clarté.
Pour moi, Tinder était une application de rencontres infructueuse jusqu’à ce que je change de profil et crée une conversation.
L’application visait toujours à me mettre en contact avec des personnes qu’elle supposait que j’aimerais, et peu importe ce que j’essayais, on me donnait toujours des types d’hommes similaires qui ne me convenaient pas.
Lorsque j’ai changé mon profil pour demander quelque chose de plus créatif, unique et stimulant, j’ai vu des résultats positifs.
Je suis allé sur Tinder pour créer de l’art
En 2020, j’ai suivi une résidence photographique à Cosprons, une petite ville de France près de la frontière espagnole. Mon objectif pendant que j’étais là-bas était de créer une série de portraits basée sur la connexion, l’intimité et ce que c’est qu’aimer. Mais étant dans une ville éloignée, je n’avais personne avec qui explorer cela.
L’atelier était animé par un éminente photographe française, Claudine Douryqui a suggéré d’aller sur Tinder pour trouver un sujet à photographier.
Initialement sceptique, j’avais peu confiance que je trouverais un match convenable, mais j’ai quand même décidé d’aller de l’avant avec le projet.
Un portrait de la série de photos “A Chance of Love” de Mel McVeigh.
Mel Mc Veigh
J’ai mis à jour ma biographie Tinder avec la simple ligne, “Puis-je prendre votre portrait?” Ensuite, j’ai balayé pendant deux jours sans résultat jusqu’à ce que je rencontre un homme belge séjournant dans la maison de vacances de son père à Bacares, en Espagne, à 60 miles de là.
Après plusieurs messages, nous avons discuté de mon projet photo au téléphone. C’est ainsi qu’a commencé un voyage poétique dans le portrait, les rencontres, la connexion et l’amitié.
J’étais extrêmement nerveux avant de prendre le premier portrait
Conduire si loin pour rencontrer un homme que je n’avais jamais rencontré était un peu énervant, mais dès que nous nous sommes connectés, nous nous sommes sentis tous les deux à l’aise, et en 10 minutes, j’ai commencé à prendre son portrait.
Après notre séance portrait, nous avons passé la journée à faire le tour des parcs ostréicoles de Bacares. Ce fut une expérience vraiment remarquable et un premier rendez-vous amusant.
Nous n’avons jamais senti l’étincelle, mais nous avons tous les deux passé un moment incroyable. Nous sommes depuis devenus de très bons amis.
Un portrait de “Une chance d’aimer”.
Mel Mc Veigh
Mon professeur a suggéré d’en faire un projet plus important
Lorsque mon professeur m’a suggéré d’élargir ce travail, j’ai de nouveau hésité. J’étais encore en train de déterminer si je voulais transformer mes expériences de rencontres en un véritable projet photographique en dehors de la classe. Malheureusement, c’était aussi pendant la pandémie, donc les opportunités étaient rares.
Mais six mois plus tard, j’ai à nouveau sauté le pas, et avec cette simple demande dans ma bio Tinder, ce projet est né.
J’étais à Madrid et j’ai tourné ce projet plus de deux ans après le début de la pandémie. Pendant ce temps, neuf hommes ont accepté de se faire photographier et j’ai voyagé en France, en Espagne, au Royaume-Uni et en Australie.
Un portrait de “Une chance d’aimer”.
Mel Mc Veigh
Au fur et à mesure que le projet évoluait, tous les hommes sauf un ont accepté de rester dans le projet et ont contribué en ajoutant des mots et de la poésie à la série ou en m’aidant à éditer les images.
Ces réunions étaient si différentes des dates habituelles de Tinder
J’ai rencontré des artistes, des producteurs, des cinéastes, des voyageurs et des créatifs. En posant une question intrinsèquement créative dans mon profil, cela a attiré des hommes créatifs, qui voulaient être vulnérables et qui voulaient faire partie de quelque chose d’unique.
Dans tous mes précédents expériences sur Tinderje ne m’étais jamais connecté à des personnes plus étroitement alignées sur mes valeurs, mes besoins et mes désirs.
En tant que photographe et artiste, j’ai trouvé que prendre des portraits de cette manière était un nouveau processus. Cela m’a demandé d’être plus patient, plus doux et plus calme. Tous les hommes étaient très nerveux à l’idée de se faire photographier. Certains ont presque demandé à s’arrêter avant que nous commencions.
Aucun n’avait jamais été photographié pour un portrait, ce que j’ai trouvé fascinant.
Dans un monde de selfies et de réseaux sociaux, l’idée de collaborer sur une image leur était étrangère à tous. Mais c’est ce qui les a attirés vers le concept en premier lieu.
Les liens tissés ont conduit à des amitiés
Ai-je daté certains d’entre eux? Un ou deux, oui; le reste, je ne l’ai pas fait. Suis-je tombé amoureux ? Non.
Je me demande si le projet photographique a changé la dynamique, mais au final, je parle avec eux tous comme des amis rencontrés au fil du temps et des continents au cours d’une période folle de l’histoire.
Je les remercie tous d’avoir choisi d’être vulnérables et de m’avoir permis de prendre leur portrait en disant simplement oui. Ils m’ont donné un espace pour redevenir un artiste.
Un portrait de “Une chance d’aimer”.
Mel Mc Veigh
J’ai également découvert à travers nos conversations que les hommes étaient souvent tout aussi sensibles, doux et effrayés quand il s’agissait de sortir ensemble que les femmes. Lorsque vous décollez la surface et que vous vous engagez d’une manière différente de celle à laquelle vous êtes habitué, vous pouvez voir une autre facette des gens.
J’ai appris à faire fonctionner l’algorithme pour moi
Je travaille dans la technologie et je crois fermement que algorithmes d’application de rencontres sont intrinsèquement biaisés. Les données sont basées sur des moyennes collectives d'”autres personnes comme vous”, donc pour casser l’algorithme et attirer un type de personne différent, vous avez dû lui donner différentes entrées.
Sur la base de l’âge, j’ai été jumelé uniquement avec des hommes plus âgés pour lesquels je ne me sentais pas physiquement attiré, et je ne partageais pas beaucoup des mêmes intérêts.
L’application lit également les conversations et les bios, donc elle recherche les personnes qui mentionnent certains mots encore et encore, puis elle associe ces personnes sur la base qu’elles s’entendront probablement. C’est un algorithme, et il cherche un modèle.
J’ai donc écrit quelque chose de très différent dans mon profil par rapport à ce que j’avais écrit auparavant et j’ai changé mes préférences en termes d’âge. Apporter ces modifications a changé les personnes qui m’ont été données comme correspondances potentielles, et mes conversations avec les personnes avec lesquelles j’ai été jumelée se sont senties plus fraîches.
Bien que j’aie beaucoup appris sur la façon de faire fonctionner les applications de rencontres pour moi, je ne les utilise plus. Je préfère rencontrer des gens dans la vraie vie et avoir un temps raisonnablement facile à faire.
Le projet est maintenant une exposition et un livre photo
En mai, j’organise une exposition à Londres présentant la série de photos, que j’ai intitulée “Une chance d’aimer.” J’ai aussi créé un livre photo sur le projet qui présente les contributions des hommes impliqués.
Le projet était une véritable collaboration. L’un des hommes a écrit un poème en trois langues, et il fait maintenant partie du livre ; deux autres m’ont conseillé pendant le processus d’édition du livre. Après réflexion, certains ont décidé de me faire retirer des parties de notre conversation du texte que j’ai écrit avec leur portrait, ce que j’ai fait avec plaisir. J’ai soutenu le niveau d’implication qu’ils souhaitaient dans le projet.
Quelques-uns des hommes veulent se rencontrer et partager l’expérience, ils seront donc ensemble lors de la soirée d’ouverture de l’exposition. Ce sera certainement une autre expérience que je n’oublierai jamais, et que je suis heureux de pouvoir partager avec ces personnes que je n’aurais jamais rencontrées si je n’avais pas fait ce saut – et changé ma biographie et mes préférences sur Tinder, le tout au nom de l’art.
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