The Breakfast Club au Chaland Qui Passe, Binic, le 20 avril 2023
Binic, le 20 avril, grande marée, coefficient 103, les pêcheurs de palourdes, coques et, avec beaucoup de bol, un homard, affluent sur l'estran, toi, c'est au chaland qu'on t'attend pour le concert de The Breakfast Club.
Les Lillois ont-ils été inspirés par le film culte sur l'adolescence ( John Hughes, 1985) et ignorent-ils l'existence d'un synthpop combo de New-York ayant sévi dans les eighties, plaçant le single 'Right on Track' dans les charts dance du Billboard....
En tout cas, depuis 2017, Julien Puyau (guitare, basse, claviers, samples) et Léonie Young (voix, claviers, basse, chambre d'écho) confectionnent une lo-fi dream pop hyper bien ficelée, ne laissant pas la presse musicale indifférente.
On ajoutera que Léonie fait partie du projet Dans la Brume, une formation répondant au motto More Women on Stage ( imprimé sur un de ses keyboards), puisqu'elle compte trois éléments féminins.
Elle s'investit aussi dans le collectif Chauffe Marcelle, dirige le Choeur de Roubaix, fait du design et de la photo.
La guitare de Julien s'entend sur l'album 'Featherlight' de Featherlight.
Quant à la discographie de The Breakfast Club, elle consiste en 2 EP's, vendus sur place.
La veille, le duo était au Trabendo, à Paris, ce soir, merci Arnaud, c'est Le Chaland Qui Passe qui les accueille.
Une longue intro ouatée ( guitare, claviers, + drum samples et autres sons issus du séquenceur ) précède ' Don't lose your way' une plage non reprise sur disque.
La voix de Léonie, offrant parfois d'étonnantes intonations Annie Lennox, captive d'emblée le public, elle accompagne son chant d'une gestuelle des mains et de larges mouvements des bras , attestant ainsi qu'elle vit pleinement sa chanson.
Si la guitare de Julien est discrète, elle se marie habilement au fond samplé, les quelques notes du piano électrique amplifiant le son.
Ce premier titre dream pop, offrant des effluves shoegaze et trip hop, (riche est la palette!) , promet un concert attachant.
Ils enchaînent sur le gracieux ' Dear Ghost', la plage titulaire du dernier EP, d'un esthétisme Beach House.
Si tous les fantômes étaient aussi séduisants, le scénariste de Poltergeist devrait être amené à revoir sa copie.
Après ces deux premières plages, c'est l'heure des présentations, on s'appelle The Breakfast Club, on vient de Lille.
C'est pas grave, réagit un plaisantin!
Larges sourires avant de nous emmener du côté de la botte, ' Oh, Italy', une jolie mélodie agrémentée d'une guitare dentelle esquissant de fines arabesques.
Léonie termine la ballade transalpine par de doux fingersnaps , tandis que Julien troque la guitare contre une basse, il amorce ' Patience', que Léonie chante d'une voix frelatée.
L'impression de délicate mélancolie est accentuée par la mise en boucle de la formule ...I know how to fall, I can handle the pain. Be patient, you said ... qui vient s'imprégner dans ton cortex, tandis que les synthés distillent de lancinantes volutes sonores.
Le clair-obscur en mode downtempo peut être hypnotique!
'Golden sorrow' maintient les atmosphères mélancoliques tout en invitant aux déhanchements vertueux.
Changement d'emplacement et d'instrument avant d'entamer la suivante, une reprise de Julia Jacklin, ' Body', Léonie a reçu la basse, Julien est passé derrière les touches.
Le titre s'intègre admirablement dans l'univers du duo lillois.
Après conciliabule, la paire décide de modifier l'agencement prévu et pour les amateurs de karaoke propose une seconde cover, plus familière aux oreilles non averties, ' Wicked Game' de Chris Isaak, et c'est là qu'on a pu admirer toute l'étendue des capacités de Julien à la guitare.
Une version qui n'a rien à envier à celle que London Grammar a proposé il y a des années.
'The Plan' la plage clôturant l' EP 'Dear Ghost' montre une autre facette de l'univers du Breakfast Club, l'orchestration est plus ample, les effets vocaux sur la voix et le subtil bridge à la guitare ont tenu l'audience en haleine avant un tonnerre d'applaudissements.
Voilà nous sommes arrivés à la dernière chanson, merci pour votre écoute, place à l'aquatique ' Swim Deep' et à la découverte, à la fois des fonds marins et de son moi intérieur le plus profond.
Et c'est là que tu t'es mis à rêver à P J Harvey et à son intrigant 'Down by the Water'.
D'accord, vous l'aurez le bis, épuré, pas de séquenceur, juste une guitare, une voix nacrée et quelques notes de synthé au final.
'On my shoulder' , ses halètements, sa guitare cristalline et l'écho sur la voix, ont prolongé l'envoûtement pendant trois minutes supplémentaires.
Le groupe revient en Bretagne fin mai, la tournée passe par Rennes, Vannes et Saint-Brieuc, à ne pas rater!