Les deux sont dans l'arène politique et font une tournée à Rimouski, comté où loge le député Harold Lebel. Nous sommes en automne 2017. Catherine n'habite pas Rimouski. Elle doit se loger quelque part, les courtisaneries partisanes sont partout en province, ça fait parti de la joute de devoir se déplacer et de découcher à l'occasion. Lebel, un homme considéré gentil par plusieurs, peu importe les critères qu'on a trouvé le penser, invite Catherine et une autre femme à passer la nuit là où il habite. Catherine n'a pas de réelles raisons de s'inquiéter de quoi que ce soit, une autre femme y sera aussi. Elles seront deux, il sera seul. Il y a des chambres pour tout le monde. Elle ne devrait pas avoir de raisons de craindre d'autres types de courtisaneries.
Mais qu'est-ce qu'elle connait encore de l'abus, à son âge ?
Pendant que l'autre femme dort déjà dans une pièce ailleurs, Harold prend la liberté d'embrasser Catherine qui ne répond pas à son baiser. Elle le repousse aussi quand il essaie de défaire sa brassière. Elle va se coucher, ébranlée, mais Harold se glissera à ses côtés, guidé par un instinct sexuel archi mal calculé, maintenant criminel puisqu'il la touche partout où ses mains en ont envie et que Catherine est tétanisée de frayeur. Il fait peut-être 4 fois son poids.
Changée à jamais le lendemain, elle n'a pas envie d'en parler tout de suite. Elle est brulée de l'intérieur. Elle doit vite se regénérer. Elle s'est souvent positionnée à la défense des victimes, mais elle-même, être une victime ? Ça n'a jamais été dans les plans. Et elle travaille avec Harold chaque jour qui suivra ainsi qu'avec cette femme qui ne sait rien sur rien. Catherine craint l'impact sur sa carrière. Elle sait que les plus cons la blâmeront elle. Et des cons, il y en a des milliers et des milliers. Elle les rencontre tous les jours. Maintenant elle en côtoie un en tournée. Qui en a abusé. Elle quittera le parti en 2019, officiellement pour des raisons d'idéologies politiques.
Sa confiance en l'Homme avec un grand H.
Mais à 54 ans, est-ce que les gens condamneront la peau de sanglier en rut ou penseront "N'est-ce pas normal de de désirer ce qui excite, plus jeune ?" Humain ?
Il est normal de trouver des gens qui adorent faire des calins, mais anormal de les voir imposer leurs calins partout sur tout le monde si ils ne demandent pas le consentement d'autrui. Ça se comprend même chez les enfants.
Ce qui s'explique moins facilement aux enfants est cette culpabilité fameusement sévère contre les jolies filles d'être tout simplement charmante, comme un homme peut choisir de l'être, sans craindre les mêmes choses.
Qu'est-ce qui, à 54 ans, te fais choisir de répondre à ton désir peu importe ? Y a -t-il blackout ?
Sinon comment pensez, ne serais-ce qu'une seconde, s'en sortir ? En se forçant sur une autre.
Catherine a pris trois grosses années à garder ses plaies cachées. C'est au plus fort du mouvement #MeToo, zeppelin de cicatrices, et alors que son ancien collègue André Boisclair, devenu déviant sexuel à temps plein, a vu l'identité de sa victime pleinement protégée aux médias, qu'elle a trouvé la force de dénoncer pour vrai. Sous les mêmes conditions.
Boisclair avait une victime mâle. Catherine n'est coupable que d'avoir été Femme.
Jeanne d'Arc était une Femme.
On connait sa relation avec le feu.
Harold Lebel est condamné à 8 mois de prison. Fera 8 semaines.
Parce que le Québec e$t $i petit '$tie.