Toujours cette voix douce et troublante à la Chet Baker. En dialogue avec le piano. Ca marche. Cette douceur installe un silence immédiat. Le barman travaille toujours mais les conversations au bar se sont tues instantanément. Le groupe enchaîne. Batteur aux balais. Premier solo de guitare au-devant de la rythmique. Dans l'héritage de Jimmy Raney. Court et efficace.
La ballade se poursuit. Batteur aux balais. Le piano joue du velours. La guitare aussi. Ca ressemble à des standards mais je ne connais pas ces chansons. Le quintette nous ramène 70 ans en arrière, l'époque des enregistrements de Chet Baker pour Pacific Jazz Records à Los Angeles, Californie. Un petit bleu de la Côte Ouest comme l'écrivait Jean-Patrick Manchette.
Une composition " I spend my days ". Introduction au piano tout en finesse. Laurent Courthaliac retient puis lâche les notes. Batteur aux balais. Une ballade à la Chet Baker. Une chanson d'amour triste. Il passe ses jours à la chercher. Ca marche. Les amoureux devant moi se blottissent l'un contre l'autre comme s'ils avaient peur de se perdre. Enfin, Robin Mansanti joue de la trompette. Tout en douceur. Son hésitant d'abord, s'affermissant au fur et à mesure. Avec un son feutré mais sans sourdine. Solo de contrebasse grave, boisé. Celui-là résonne dans le ventre. Les amoureux s'en vont.
Introduction par un solo de guitare. Lumineux comme la lune. En duo avec la voix. " Sranger in Paradise ". Simple, pur, troublant. La voix se tait pour un solo de guitare. Peu de notes. Juste les plus belles. Mon voisin de gauche applaudit en tapotant sur son verre de vin. C'est une méthode.
Robin Mansanti chante maintenant en français, toujours en duo avec Hugo Lippi. Une chanson d'amour triste forcément. La France a trouvé son nouveau crooner, Robin Mansanti. Souhaitons-lui une carrière aussi brillante que Jean Sablon qui aida Django Reinhardt à se lancer. Je ne connais pas cette chanson. L'homme au verre de vin chantonne. Ca balance doucement. Ca parle d'une nuit d'été au bord d'un étang, une rêverie de promeneur solitaire. " L'étang ". Cf extrait audio au dessus de cet article.
Le duo guitare voix se poursuit en français. Une nouvelle chanson d'amour triste. " Le rêve d'une vie, c'est l'amour ".
Le pianiste redémarre. La rythmique revient. Pulsation de la contrebasse. Batteur aux balais. " Moonlight serenade ". Celle-là, Chet Baker la chantait. Le guitariste a repris aussi. Fin somptueuse groupée en crescendo. Cf vidéo sous cet article.
" How deep is the ocean ", chanson que Chet Baker (1929-1988) a chanté toute sa carrière. En duo avec le piano, l'identification vocale est totale. Le groupe reprend. Robin Mansanti passe à la trompette avec un son feutré, poli, à la Cher aussi. Batteur aux baguettes. Ca swingue plus énergiquement. Le guitariste reprend la main. Ligne claire. J'ai un trio d'experts devant moi. L'homme au verre de vin, un autre homme, une femme. Ils comptent les mesures en claquant des doigts. Ils s'amusent bien mais sérieusement.
La salle est comble et le public comblé. Cependant je sens que mon attention diminue, bercé que je suis par cette douce musique. Pour moi, le concert est donc fini.