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Seule la Terre est éternelle

Publié le 21 avril 2023 par Polinacide @polinacide

Surnommé « le cyclope », Jim Harrison est un monstre sacré de la littérature américaine dont je ne connais l’oeuvre personnellement que très peu. C’est donc avec un double intérêt que j’ai découvert ce documentaire vivement conseillé par une proche amie : Seule la terre est éternelle, réalisé par François Busnel et Adrien Soland. 

Sa suggestion ne pouvait pas mieux tomber, surtout en ces temps où chacun à son niveau rêve de grands espaces, longtemps étouffés par le développement asphyxiant des  centres urbains. Une quête de grand air souvent accompagnée d’une certaine nostalgie de l’enfance, comme pour retrouver ce paradis perdu de longue date. En témoigne notamment le billet d’humeur Simple life que j’avais déjà pondu en 2020 suite au déconfinement. Avec ou sans Covid, cette tendance de fond se poursuit aujourd’hui et pas uniquement dans mon propre esprit. Il suffit d’appuyer de temps en temps sur la zapette pour remarquer que le sujet revient régulièrement ces derniers temps au sein des JT. Ce qui rend le docu’ plus que jamais d’actualité.

«  C’est libérateur de larguer les amarres »

Dès le départ, le ton est posé. Sur fond de paysages plus grandioses les uns que les autres, l’auteur – à l’aube de sa vie – décide de revenir sur ses terres d’origine. Fumant clope sur clope, Harrison nous apparait littéralement à bout de souffle dans un film testament centré essentiellement sur son rapport au processus rédactionnel comme à la nature. « L’écriture et la pêche à la truite vont bien ensemble », confie-t-il face caméra.

Nous aimions la terre mais n’avons pas pu rester.
Loren Eisely

Souvenirs, besoin d’évasion, retour aux sources, inspirations musicales mais aussi mémoires de jeunesse, sont autant de sujets a priori très hétéroclites, et qui pourtant forment un « tout » orchestré d’une main de maître qui fait sens, laissant le spectateur profiter d’ une symphonie aussi méditative qu’apaisante. « Courage ! », nous dit Harrison, « Seule la Terre est éternelle », avant de s’éteindre le 26 mars 2016 à l’âge de 78 ans pendant qu’il écrivait un poème. Un bien bel hommage à l’illumination créatrice.

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