Dédicace, au seuil du livre : « À maman (n’en parlons plus) »
Marie-Hélène Voyer commence avec ces mots : « nous battons la campagne ». Il aurait fallu s’arrêter là, à cette phrase, ce « nous » qu’à la fin elle précise, liant les générations, ce verbe, « battre » qui non seulement peut signifier « parcourir », et aussi « divaguer », mais encore « lutter », et « la campagne », les conditions d’y vivre durement, d’y mourir, de s’y enfouir.
Mais il faut tout ce livre, lu peu à peu, et déjà relu, pour saisir que tout est là dans ces mots : « nous battons la campagne ». Tout, et le désir de ne pas s’y laisser encager, corseter, de ne pas transmettre l’aliénation, la douleur, mais, au contraire, aller vers « la grande trame des vivantes ».
Il y a plein d’oiseaux dans ces pages et il y a la mère qui dit de ne pas écrire.
Il faudra sans doute que j’y revienne de temps en temps :
dans les lieux, granges, cuisines, chambres, combles, reliquaires, mausolée, caves, fosses
dans les sons, halètements, suffocations, rechignages, chuchotements, râles, hoquetages, lamentations, grondements, respirs.
Il me faudra aussi entrer plus avant dans ce cérémonial de rêves, d’« eucharisties nouvelles », de « délicats missels », de cette sorte de baptême dont sortir le « visage / enfin lavé / de tous (…) traits ».