Parmi les oppositions multiples, il y a des cyniques qui encouragent les rêveurs à se noyer dans le paradis des illusions. Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, s'était engagé pendant la campagne présidentielle de 2022 à relancer la " Nous avons devant nous cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France. C'est notre devoir. Et je vous fais confiance, je nous fais confiance pour y arriver. Vive la République et vive la France ! " (Emmanuel Macron, le 17 avril 2023).
La dernière allocution télévisée du Président de la République Objectifs à cours terne !
Allocution du Président Emmanuel Macron le 17 avril 2023 (vidéo). Emmanuel Macron, celle du lundi 17 avril 2023, n'a pas convaincu, mais qui aurait donc prévu qu'elle convainquît ? (mon imparfait du subjonctif semble correct). C'est sûr qu'évoquer "Cent jours", quand on connaît l'Histoire de France, était assez maladroit de sa part, tant pour ce que cela représente ( Napoléon Ier) que pour l'issue de cette courte période de seconde chance (d'autant plus qu'entre le 17 avril et le 14 juillet, il n'y a pas cent jours mais seulement quatre-vingt-huit !).
réforme des retraites sur l'âge légal de départ à la retraite. Dans Laurence Rossignol.
Olivier Véran souligne l'hypocrisie de la Nupes (22 mars 2023).
Emmanuel Macron : "J'assume ce moment !"
295 députés refusent de censurer le gouvernement pour sa réforme des retraites.
Les gens sérieux et les gens du cirque.
Séance à l'Assemblée Nationale du jeudi 16 mars 2023 à 15 heures (vidéo et texte intégral). La tactique politicienne du RN. Interview du Président Emmanuel Macron le 22 mars 2023 à 13 heures sur TF1 et France 2 (vidéo). Aurore Bergé fustige les oppositions (20 mars 2023). son projet, il s'agissait même de 65 ans (et pas 64 ans). C'était même la seule mesure qu'il proposait concrètement ou plutôt, soyons juste, la seule mesure qu'on pouvait retenir de sa campagne présidentielle.
Réforme des retraites 2023 : chemin de Croix à l'Assemblée.
Olivier Dussopt. Réforme des retraites 2023 : après les enfants terribles, les sages.
Discours de la Première Ministre Élisabeth Borne dans la nuit du 17 au 18 février 2023 à l'Assemblée Nationale (texte intégral).
À l'époque, je m'inquiétais même de ce thème de campagne qui ne pouvait que repousser les électeurs (de la contre-démagogie !). On ne pouvait donc pas dire que les électeurs d'Emmanuel Macron n'étaient pas au courant, j'insiste pour ceux du premier tour, bien sûr, car au second tour, le choix était parfois forcé (il l'a même reconnu). Où sont ses électeurs du premier tour ? Eh bien, je pense qu'ils font partie (nous faisons partie, je m'y inclus) de cette France silencieuse, celle qui travaille au lieu de râler, celle qui se lève tôt au lieu de manifester, celle qui investit au lieu de dépenser. Et cette France-là, c'est elle qui a parfois fait les surprises aux élections, c'est elle qui a permis la victoire inespérée des gaullistes en juin 1968, mais également celle de novembre 1962 (on l'oublie souvent) ; à l'époque, l'UNR se croyait perdue, envisageait l'opposition, vaincue par la coalition des anciens de la Quatrième, et finalement, les électeurs ont donné à la France une majorité absolue aux gaullistes et à leurs alliés, pour la première fois de l'histoire politique (et pas la dernière).
Inutile de demander à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon quelles étaient leur position sur les retraites, ils n'en avaient pas, tout baignerait avec eux, pas de problème démographique, pas de déficit structurel et évidemment, pas d'endettement qui reviendrait à faire dépendre les pensions de retraite des méchants fonds d'investissement de la méchante finance internationale. Rien de tout cela : on raserait gratis, 60 ans, et pourquoi autant, à 60 ans, on voit moins bien, on a plus souvent mal au dos, on s'essouffle en marchant, et surtout, on perd un peu l'enthousiasme du jeunot qui fera mieux et plus rapidement un travail pour une rémunération moindre ?... Dans leur démagogie, on sent un véritable manque d'audace et d'imagination.
Emmanuel Macron s'était engagé auprès des Français à rendre durable notre système des retraites par répartition et en promulguant, dans la nuit du 14 au 15 avril 2023, cette réforme des retraites, il a honoré la principale promesse de son second quinquennat. Personne n'est heureux de travailler deux ans de plus, mais qui serait heureux le jour où, dans plusieurs années, il aurait fallu réduire les pensions ou même observer l'effondrement de notre modèle social parce que nous n'aurions pas anticipé ce défaut de conception connu depuis longtemps qu'est l'évolution du rapport entre le nombre d'actifs et le nombre de retraités ? Aucun gouvernement prochain ne remettra en cause cette réforme, comme aucun n'a jamais remis en cause les précédentes réformes depuis trente ans, car tous ces prochains gouvernements seront ravis que cette réforme ait été faite et ne soit plus à faire.
On comprend très bien que les organisations syndicales aient refusé la main tendue pour le lendemain, car leur objectif premier, c'est la mobilisation des manifestations du 1 er mai prochain. Mais après ? Quel horizon social ? À part le remplacement du patron de la CFDT ?
Tout le monde est donc dans cette période de creux de vague : comment faire pour tourner la page ? Du camp d'Emmanuel Macron, la légalité constitutionnelle a permis de mener jusqu'à son terme la réforme des retraites et donc, la page est tournée, doit être tournée (avec une sorte de méthode Coué). De l'autre camp... quel camp d'ailleurs ? Ses adversaires politiques ? Certainement pas, mais les opposants à la réforme des retraites, et ceux-ci, à l'évidence, se résigneront à l'idée que c'est la solution la moins coûteuse pour sauvegarder notre modèle social (si Emmanuel Macron avait vraiment voulu saborder notre modèle social, il aurait laissé le système des retraites s'enliser dans le déficit jusqu'à ce qu'il soit irrécupérable et remplacé par des fonds de pension privés pour les plus riches).
De l'autre camp, donc, celui des syndicats, il est difficile de reprendre immédiatement le dialogue avec le gouvernement (alors qu'ils en meurent d'envie et qu'ils ont mille sujets à proposer). Le chantier sur le travail est une tentative récurrente du Président de la République pour calmer le jeu et ramener le dialogue social. Il n'est pas sûr qu'il y arrivera cette année, mais les syndicats devront bien s'y résoudre lorsqu'il n'y aura plus de mobilisation sur les retraites.
Si une allocution présidentielle était nécessaire à ce moment de l'histoire, il aurait fallu qu'elle proposât quelque chose. Or, ce n'a pas été le cas. Il n'a rien dit de nouveau par rapport à sa prestation télévisée du 22 mars 2023. Emmanuel Macron a montré qu'il était en manque d'inspiration. Il n'a pas su réinventer la vie politique comme il l'avait fait avec les grands débats. Il n'a fait que répéter ses trois chantiers importants (travail, éducation, santé, pour résumer les choses), sans apporter d'innovation majeure, sans avancer plus de solutions concrètes, et ce flottement se ressent finalement depuis le premier jour de sa réélection, le 24 avril 2022. Si ce flottement s'éternisait, on pourrait lui reprocher d'être devenu, suprême insulte !, un Président fainéant... comme tous les Présidents qui ont fait un second mandat, excepté De Gaulle !
Par ailleurs, en évoquant la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont il a visité le chantier le 14 avril 2023, non seulement Emmanuel Macron a fait du hors sujet (les Français ne l'attendaient pas sur cette question !), mais il a fait preuve également d'une certaine arrogance en revendiquant qu'il avait raison avant les autres.
Citons-le : " Je me rappelle, il y a quatre ans, presque jour pour jour, je m'exprimais sous cette forme, devant vous, Notre-Dame de Paris venait de brûler. Et je vous disais dès le lendemain que nous rebâtirions en cinq ans. Que n'avais-je alors entendu ? Et tous les commentateurs nous ont dit : impossible ! Pourquoi ce cap ? Intenable. Eh bien, nous allons le faire. Nous allons le faire parce qu'une décision a été prise, mais surtout, parce qu'il y a eu la volonté de chaque jour et la mobilisation de tous, parce qu'il y a eu des milliers de femmes et d'hommes partout à travers le pays pour œuvrer ensemble et rebâtir. ".
Évidemment, l'idée était d'amener les Français à faire le parallèle avec ses chantiers (qui pourraient se comparer aux douze travaux d'Hercule de Michel Rocard) : " Eh bien, il doit en être de même pour les grands chantiers de la Nation. C'est pourquoi je sollicite toutes les forces d'action et de bonne volonté, nos maires, élus, forces politiques, syndicats, tous ensemble, je compte mieux les associer en relançant dès le mois de mai des coalitions et alliances nouvelles, sur les bases solides du Conseil national de la refondation, au plus près du terrain. Et chacun d'entre vous avez un rôle à jouer. Il nous faut moins de lois, moins de bureaucratie, plus de liberté d'action, d'expérimentation, de pouvoir d'initiative, à l'échelle de nos vies. Oui, c'est cet élan national auquel je crois, et ces trois chantiers prioritaires constituent la feuille de route du gouvernement que la Première Ministre détaillera dès la semaine prochaine. Ces trois chantiers doivent nous rassembler, rassembler les principaux responsables de la Nation, et je m'y impliquerai. Et le 14 juillet prochain doit nous permettre de faire un premier bilan. " (Est venu ensuite le laïus sur les cent jours).
Au-delà de mettre une pression monstre de trois mois (il a encore quatre ans), le problème est triple. Le premier, c'est que le Président fait appel aux corps intermédiaires qu'il a souvent malmenés et la phrase " je compte mieux les associer " pourrait ne pas les convaincre ! Le deuxième problème, c'est cet ectoplasme institutionnel qu'est le Conseil national de refondation qui est tout et n'importe quoi mais certainement pas ce qui devrait être le lieu vivant de la démocratie, qui doit rester le Parlement (parler de " bases solides ", c'est la méthode Coué !). Enfin, le troisième problème, éminemment politique, c'est : " relancer des coalitions et alliances nouvelles " : Emmanuel Macron ne peut pas former de plus grande coalition que l'actuelle majorité gouvernementale parce que les autres partis politique s'y refusent.
Alors, que va-t-il se passer ? Emmanuel Macron, dès le lendemain de son allocution, a dû remettre à la fin d'année les conclusions sur le travail qu'il voulait définir dès le 14 juillet. Il y a aussi cette impression d'avoir remis au 14 juillet cette impossible allocution du 17 avril en espérant que d'ici à cette date, il aura trouvé une idée géniale pour rénover la vie politique.
Je reste assez vieux jeu et considère que lorsqu'il y a un accident politique (et l'examen de la réforme des retraites au Parlement en est un, car il a profondément traumatisé certains acteurs de la vie politique, au point de rendre révolutionnaire jusqu'à ce petit groupe centriste LIOT !), il faut pouvoir se dégager et tourner la page.
Il n'y a pas trente-six outils : la démission du gouvernement, mais pourquoi ? Élisabeth Borne n'a pas démérité dans cette "séquence" et la renvoyer serait profondément injuste (et inutile politiquement, le problème resterait entier) ; la dissolution de l'Assemblée Nationale (mais le macronisme est-il suicidaire ? je ne le pense pas) ; enfin, le référendum : pas sur la réforme des retraites, mais soumettre au référendum un projet qui pourrait cliver un pays très partagé sur la question, me paraîtrait la meilleure solution, il suffit juste ...de trouver la bonne question ! Repenser le financement des collectivités territoriales me semble le sujet sensible qui permettrait de mettre à plat à la fois notre consentement à l'impôt et la confiance que les habitants auraient de leurs élus locaux. Mais c'est peut-être un peu trop ambitieux...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (19 avril 2023)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Réforme des retraites : feu vert (sans surprise) du Conseil Constitutionnel.
Grève des éboueurs à Paris.
Renouveau à la CGT.
Le maître des horloges et sa montre.
Jeudi, l'heure de vérité !
Sénat : mission remplie pour la réforme des retraites 2023.
Le choix du vote bloqué (article 44 alinéa 3 de la Constitution).
La retraire de Philippe Martinez.
Assemblée Nationale : méthode de voyou !
Sauver nos retraites par répartition.
Réforme des retraites 2023 : le projet du gouvernement est-il amendable ?
Dossier des retraites du gouvernement publié le 10 janvier 2023 (document à télécharger).
Conférence de presse de la Première Ministre Élisabeth Borne le 10 janvier 2023 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Comprendre la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne ce mardi 10 janvier 2023.
Le non-totem d'Élisabeth Borne sur les retraites.
Le coronavirus supplante la réforme des retraites de 2019-2020
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20230417-macron.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2023/04/15/39880047.html