Ce recueil de poèmes d'Olivier Pillevuit est composé de quatre parties, qui sont autant de Granulométries de l'Éphémère.
Étymologiquement éphémère signifie qui dure un jour, plus généralement est éphémère ce qui est de courte durée, par conséquent insaisissable.
Dans Façons d'être - le pluriel indique déjà qu'aucune d'entre elles ne dure -, le poète qui trouve
Un bonheur solide
Du mot adéquat
sème ce grain, Le Gîte, pour que le lecteur comprenne bien l'objet de sa quête:
À l'étable de ma vie
Au chevet du présent
J'assiège mon temps
Contemple l'éphémère
Et redonne l'éclair
À son gîte instantané
Dans Finis Gloriae Mundi - la fin de la gloire du monde - un autre grain, D'épines et de fiel, ne laisse guère d'illusions sur l'humaine ambition:
Nous allions vers l'oasis et la palme
Ressourcer le progrès des hommes
Missionnaires maudits
Ignorant que nous étions d'épines et de fiel.
Cet autre grain, De profundis, fait toutefois entrevoir une échappée:
Dans les ténèbres
Trouver son filon de lumière
Et, disposant d'ombre vive,
En façonner l'étincelle.
Craie et diamant sont synonymes d'éphémère et d'éternité. Aussi ce grain, Je sais que je suis là, tente-t-il de les concilier:
Chaque siècle resquille son temps
D'une liberté de courant d'air
De semailles en moissons, tout recommence
Le geste qui sème reconduisant celui qui fauche
Argiles et cendres se voisinent
Soufflant mon nom à l'abord de tes lèvres
Haleine qui m'épelle et me donne
La force d'une origine et le courage d'une fin
Pour finir le poète emprunte Les chemins du Parnasse et invite à l'y suivre à travers les saisons jusqu'à ce grain éponyme (qui n'est pas le dernier):
Un seul mot juste débusquant l'indicible
Laissera sa trace sur les chemins du Parnasse
Présence dénichée au creux d'un instant
Parousie des poètes où se terre l'ajour
Chaque moment colporte sa muse
Comme une flamme prenant sur l'étoupe
Recompose leurs devenirs
Francis Richard
Granulométries de l'Éphémère, Olivier Pillevuit, 120 pages, Éditions de l'Aire