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Vous étiez ma maison

Publié le 19 avril 2023 par Adtraviata
Vous étiez ma maison

Quatrième de couverture :

Une nuit, comme au travers d’un conte, une femme fuit les rues pavées de la ville et s’égare dans la forêt. Au cœur de l’obscurité, elle trouve un abri : la maison d’une étrange couturière, mi-fée, mi-sorcière, aïeule bienveillante qui rapièce et répare.
Une relation dense se tisse entre les deux femmes.
Les lundis deviennent leurs rendez-vous réguliers avec les hêtres, les fougères, les grimpereaux et la vieille machine à coudre. Sous les doigts de la guérisseuse, les vêtements, comme des secondes peaux, sont recousus avec soin. Les blessures cicatrisent et les cœurs s’allègent.
Mais un lundi, la maison est vide. Et la forêt résonne d’une impossible absence…

Deuxième livre de Violaine Lison paru chez Esperluète – et pas le dernier, j’en suis certaine – Vous étiez ma maison est un récit poétique dont la langue de feu et de douceur accompagne l’histoire de cette personne arrachée à sa vie quotidienne par une rupture violente et qui trouve refuge dans la forêt. Dans cet univers d’abord hostile, une lumière brille dans le noir : celle d’une cabane habitée par une femme, une couturière qui répare les habits et les coeurs, une sorcière des temps modernes qui apprivoise le vivant au coeur des bois, plantes et arbres, oiseaux et eaux vives. Pendant treize lunes et chaque lundi, la narratrice se laisse elle aussi apprivoiser par la vieille femme qui lui transmet discrètement son « savoir ». Un lundi du solstice d’hiver, plus personne dans la maison : recherche, attente, prostration, étapes douloureuses avant que s’allume à nouveau la lumière dans la vieille cabane.

Ce récit est divisé en cinq parties, en cinq verbes – Partir, Naître, Engranger, Transmettre, Renaître – et rythmé par ces mots :

« Je vais attendre. 

Pas que vous reveniez. Vous ne reviendrez pas. 

Mais que je me revienne.« 

On peut le lire comme une initiation, une (re)découverte de la nature, de la forêt par la médiation d’une vieille femme accueillante, comme le récit d’une rencontre déterminante, d’une filiation, d’une transmission. On peut y voir aussi de multiples métaphores : la forêt profonde correspond peut-être à notre monde intérieur qu’il nous faut (ré)apprivoiser, dont nous ne devons pas avoir peur ; il y a bien sûr la métaphore du deuil et des passages à vivre pour renouer une nouvelle relation avec la personne disparue et avec les autres vivants.

J’ai lu ce livre d’une traite, absorbée par le langage inventif, imagé de Violaine Lison, par à la fois la violence des déchirures et la sensibilité délicate du récit. Les illustrations de Manon Gignoux l’accompagnent à merveille : mélange de formes sombres et d’esquisses légères qui évoquent des vêtements, des silhouettes, c’est un parfait contrepoint au texte. Un coup de coeur !

« Je saute dans votre sillage, vos remous feutrés de couleuvre. Vous êtes ici chez vous. Au milieu des frênes et des charmes. Vous connaissez les bois comme votre ombre. Chaque pierre a un nom. Chaque feuille un visage. 

Mer de fougères. Clan des cornouillers.

Hameau des pieds bleus. 

Barrage des souches.

Vous semblez née ici. C’est ici que vous mourrez.

Vous furetez, rampez, butinez. Devenez fourmi, hanneton, grève, musaraigne. Vous parlez leur langue, empruntez leurs empreintes, habitez leur nid. Vous êtes des leurs. Mais vous restez vous. La femme cabane. la couturière. Mi-fée, mi-sorcière. Vous les côtoyez avec chaleur et pudeur. A distance. Et tout prêt. A la juste place. Au juste degré. Dans l’intervalle. L’embrasure des mondes. » (p. 53)

« Message de vous

L’attirance de la nuit je la connais. Je l’accepte. Je peux donc laisser tomber les bras et me laisser descendre dans le noir sans culpabilité. Parce qu’alors survient la lumière. La vie sait mieux que nous. 

Allez bien. » (p . 57)

Violaine LISON et Manon GIGNOUX, Vous étiez ma maison, Esperluète, 2022

Le Mois belge 2023 – Ce livre sera offert à la fin du mois !


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