Celui que l’on croyait indomptable s’expose sans phares dans Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé aux éditions Albin Michel : un ouvrage qui s’apparente davantage à un repentir qu’à une énième provocation de la part du célèbre auteur de 99 francs. Non sans surprise.
« Passé la cinquantaine, la vie est un interminable moment de cuite »
Car après avoir enchainé les succès – comme les excès – à une vitesse grand V, Beigbeder semble s’être assagi voire changé de casquette. Du moins c’est ce que ce mondain veut bien nous faire croire… Rien d’étonnant quand on voit à quel point les choses ont changé en si peu de temps.
C’est d’ailleurs sous cet angle que son dernier essai a été abondamment traité par la presse, en référence à Metoo et l’influence du mouvement féministe entre autres. A titre personnel, je préfère en retenir l’introspection d’un homme désormais « bien rangé », qui paie au prix fort toutes les extravagances que la vie lui avait épargné jusqu’ici. Pour se prendre un énorme coup de massue passé la cinquantaine, le forçant à revoir entièrement sa copie. Les voies du destin sont impénétrables et ses revers souvent bien sévères. On n’en dira pas plus au risque de spoiler tout le bouquin qui a l’air de valoir franchement le détour. Ne serait-ce que par simple curiosité pour celui que bon nombre de personnes adorent détester.
« Nos vies sont un alliage de grandeur et de décadence »
A la fois incompris et étranger à sa propre époque, ce dominant « dominé » qui refuse d’être « déconstruit » en profite pour soulever des questions bien propres à notre époque. Fidèle à son style désinvolte mais toujours en nuances, à l’image de sa conception de ce que devrait être une oeuvre littéraire. « Je crains que les romans uniquement bienveillants ne soient d’une lecture très fastidieuse », affirme-t-il, ajoutant que « la purification des oeuvres ne nous empêchera jamais d’être humainement faillibles ». Il en va de même pour tous les sujets, qu’il s’agisse de société, de politique ou de religion. A bon entendeur…
« Je fais partie des blasés à qui les feel good books foutent le cafard et qui ne se sentent grandis qu’en découvrant une pépite d’humanité au fond d’un gouffre de fange ». Et c’est peut-être mieux ainsi. « Il faut que l’art puisse tout dépeindre, les miracles comme les monstruosités, la sainteté comme les péchés ». Je trouve personnellement ce point de vue très juste et bienvenu, surtout en ces temps où la bien-pensance prend des airs de bashing forcené.
De quoi être tenté de répondre positivement à son appel : « Oh frères humains, résistons devant l’adversité de la guimauve ! »
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