Un homme amnésique dans le contexte de l’après-guerre doit choisir entre deux femmes qui clament avoir reconnu en lui leur mari disparu. Voici le pitch de C’est mon Homme, premier long-métrage de Guillaume Bureau, à voir au cinéma depuis le 5 avril dernier et découvert il y a plusieurs mois lors du festival du film de société de Royan.
Le film intrigue parce qu'il suscite comme débat et comme questions autour de l’identité et et de l’histoire d’amour. et l' amnésique qu’incarne tout en délicatesse Karim Leklou, doit faire face à un choix cornélien : celui de la raison contre celui de l’incertitude.
Lors d’une avant-première de son premier long-métrage C’est mon homme, au cinéma LIDO (Royan) en décembre 2022 en plus de découvrir le film nous avons eu le privilège de poser quelques questions au réalisateur Guillaume Bureau.
Un film féministe ?
"J’avais envie de travailler avec des actrices ; de donner des rôles forts à des actrices ; des rôles de femmes désirantes. C’était important pour moi de montrer qu’en 1920, ce sont des femmes qui travaillent, qui sont autonomes, indépendantes. Ces femmes n’ont pas fondamentalement besoin d’un mari. En plus, j’ai choisi de faire de Julie une photographe, d’abord parce que c’est le medium du souvenir par excellence, et c’est une des thématiques qui irriguent le film ; d’autre part, cela m’offrait à moi, en tant que réalisateur, un espace de mise en scène assez ludique finalement. Cela permettait de faire aussi de Julie une metteuse en scène. Elle va agir avec l’homme comme une metteuse en scène, et elle va recréer avec lui l’homme qu’elle a connu ou l’homme qu’il était peut-être.
Le choix du casting
"La première personne que j’ai choisie est Karim Leklou. Lors des essais filmés, il m’a bouleversé.
inquiétante étrangeté, un visage ouvert à toutes les interprétations, une blessure dans le regard. Ses yeux sont un gouffre. Karim provoque une empathie considérable. On a envie de le soigner et de l’aimer. Il incarne à merveille cet homme qui a trop manqué, indéchiffrable, fragile mais plein d’une violence rentrée.
Avec Louise Bourgoin, la rencontre s’est faite autour des chansons. Louise avait très envie de vivre cette expérience au cinéma : chanter et danser. Nos échanges ont été très bénéfiques pour le scénario. Ils m’ont amené à écrire des scènes que je trouve très fortes, comme celle où par amour, elle est prête à rendre sa liberté à l’amnésique. "
"Quant à Leïla Bekhti, elle est arrivée sur le projet peu de temps avant le tournage. Je n’avais pas pensé à elle d’emblée car on la connait davantage dans le registre de la comédie. Mais ça a été un coup de foudre. Notre rencontre s’est faite autour de Julie.
Quand Leïla m’en parlait, j’avais l’impression qu’elle la connaissait depuis toujours comme si Julie l’habitait. Dans ses yeux, brillait déjà le feu dévorant de l’amour fou. Leïla rêvait depuis longtemps d’incarner un rôle de grande amoureuse, prête à tout pour son homme. Et là aussi, notre rencontre m’a permis d’apporter beaucoup au scénario. Inspiré par Leïla et notre goût commun pour la comédie romantique, j’ai davantage développé les séquences de reconstitution des souvenirs dans le studio photo.
Par ailleurs, Leïla est une actrice très populaire qui suscite l’immédiate adhésion du public. Le personnage de Julie nécessite cette adhésion puisque plus le film avance, plus on en découvre le côté sombre. "
Merci au festival du film de société de Royan. et à BAC FILMS