Des bactéries bénéfiques dans l'intestin du nourrisson utilisent l'azote du lait maternel pour soutenir la santé du bébé. Cette équipe d'experts en nutrition et de biologistes de l’University of Massachusetts Amherst, en décryptant ce mécanisme dans la revue Gut Microbes, ouvre une toute nouvelle voie pour améliorer la santé des nourrissons dans le monde : utiliser l'azote du lait maternel pour soutenir la nutrition et le développement pédiatriques.
L’auteur principal, David Sela, professeur agrégé de science alimentaire et directeur du Fergus M. Clydesdale Center for Foods for Health and Wellness est un expert en nutrition qui a passé sa carrière à étudier le lait maternel. Il décrypte ici comment les bactéries bénéfiques du microbiote des nourrissons utilisent l'azote du lait maternel pour soutenir la nutrition et le développement pédiatriques : « Les molécules du lait maternel nourrissent non seulement le bébé, mais aussi son microbiome. Cela modifie complètement la façon dont on perçoit le rôle du lait maternel dans la nutrition infantile ».
Les bonnes bactéries se nourrissent aussi de lait maternel
et ces mêmes bactéries favorsent la croissance du nourrisson, le développement des systèmes immunitaire et digestif et jusqu’au développement du cerveau. Les fondements moléculaires de ces processus restent cependant mal compris.
La même équipe avait déjà documenté, il y a quelques années, la capacité de Bifidobacterium infantis, une bactérie bénéfique qui colonise l'intestin du nourrisson, à dégrader l'urée, une molécule que les mammifères excrètent sous forme de déchet dans l'urine. Il y a beaucoup d'urée dans le lait maternel et comme l’urée est généralement excrétée hors du système et que ce colonisateur majeur a la capacité de le dégrader, les chercheurs ont fait l’hypothèse que l’urée pouvait être utilisée par les microbes comme source d'azote dans l'intestin du nourrisson.
L’étude actuelle décrypte comment B. infantis utilise l'urée du lait maternel pour recycler l'azote dans le microbiome intestinal du nourrisson. Elle montre que la bactérie B. infantis, lorsqu'elle est nourrie d'urée, l'utilise bien comme source d'azote. Cet azote uréique est ensuite incorporé dans toutes sortes de sous-produits des bactéries. Ainsi, les bactéries utilisent l'azote uréique pour leur métabolisme de base. Avec une implication majeure,
booster l'efficacité du métabolisme de l'azote permettrait d’améliorer la santé des nourrissons.
« Cela pourrait conduire à des interventions nutritionnelles et à des outils de diagnostic en nutrition infantile, en particulier dans les pays en développement. Si nous parvenons à bien comprendre comment le microbiome contribue à la nutrition, nous saurons mieux nourrir non seulement les nourrissons en bonne santé, mais également les nourrissons prématurés ou plus vulnérables ».
L'étape suivante va consister à examiner le même processus chez l’Homme -ou les bébés humains-, ce qui va passer aussi par une nouvelle analyse du lait maternel.
Source: Gut Microbes 27 March 2023 DOI: 10.1080/19490976.2023.2192546 Bifidobacterium longum subsp. infantis utilizes human milk urea to recycle nitrogen within the infant gut microbiome
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