C'était samedi, la fête de la Librairie par les libraires indépendants. Et le cadeau d'un bel ouvrage, Plumes, édité par l'association Verbes. Des oiseaux, des textes écrits pour l'occasion, des dessins. Et au coeur de tout cela, un carnet de poèmes sélectionnés et rassemblés par Marielle Macé. J'y reviendrai sans doute, tant cet ouvrage correspond à ce dont vous suivez l'expression dans ce blog depuis un certain temps : les oiseaux, leurs chants, leurs vols, leur proximité mais aussi leur distance. Leur présence mais aussi leur disparition. Leur nécessité.
Aujourd'hui, c'est dans le carnet de poèmes que je choisis un extrait d'un texte de Francis Ponge, puisqu'on dit qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, et qu'il regarde l'hirondelle sur le fil, sous la poutre, dans le nid, l'hirondelle qui, en peu d'années, a déjà en certains lieux déserté le printemps. Le texte de Francis Ponge a-t-il encore (et pour combien de temps) une actualité ?
Flèche timide (flèche sans tige) - mais d'autant véloce et vorace - tu vibres en te posant ; tu clignotes de l'aile.
Maladroite, au bord du toit, du fil, lorsque tu vas tomber tu te renvoles, vite !
Tu décris un ambage aux lieux que de tomber
(comme cette phrase).
Puis, - sans négliger le nid, sous la poutre du toit, où les mots piaillent : la famille famélique des petits mots à grosse tête et bec ouvert, doués d'une passion, d'une exigence exorbitantes -
Tu t'en reviens au fil, où tu dois faire nombre.
(Posément, à la ligne.)
(Photo Par Thermos, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3410144)