“Au petit matin, après avoir navigué à l’humeur chez les uns et les autres, nous nous sommes retrouvés seuls avec Laurent Gerra, qui n’aime pas que la nuit s’achève, et avec Tim Roth, qui est anglais et ne se couche jamais. Comme le jour pointait, on s’est installés sur la terrasse du Carlton, et on a regardé le soleil se lever sur la plus belle baie de cinéma du monde. Le restaurant était vide, à part une jeune serveuse ravie de nous tenir compagnie – visiblement, elle ne voulait pas non plus que le Festival se termine. Chaque année, Cannes commence par le trac et s’achève dans la mélancolie. Quelque chose brûlait, qui s’éteint, très vite, comme une bougie qui tressaille.”
Avec ce journal, tenu sur une année entière, d’une clôture à une autre du Festival de Cannes, Thierry Frémaux nous convie au cœur des préparatifs de la plus belle fête de la planète cinéma. On y croise forcément les artistes, acteurs, scénaristes et réalisateurs, mais aussi et surtout ceux qui constituent les rouages de cet événement exceptionnel : les équipes techniques, le jury, les producteurs, ou encore les critiques qui semblent parfois détenir la vie d’un film entre leurs mains – ou tout du moins sa vérité. À travers ce témoignage unique parce qu’intime – et honnête, avec ses coups de cœur et ses emportements –, on découvre l’homme qui est à la tête du Festival, au sommet de sa si célèbre montée des marches, mais aussi à la direction de l’Institut Lumière, à Lyon ; sa passion dévorante pour le septième art, et sa gourmandise sans cesse renouvelée de découvertes. En ressort un vibrant hommage à la cinéphilie, et à la fiction en général qui, comme la littérature selon Pessoa, “est l’aveu que la vie ne suffit pas”.Journal, notes et voyages
de Thierry Frémaux chez Babel réédition le 5 avril 2023