Cristèle Alves Meira nous entraîne, à la suite de deux cousines (la plus petite a huit ans), dans une fugue étrange rassemblant les ingrédients de contes et d’histoires de sorcières guidées par le rêve. C’est en effet par un rêve inquiétant que commence le film, inquiétude presque aussitôt oubliée après le réveil, mais c’est le même dos d’enfant suivi dans le rêve qui se couvre d’une robe de Blanche-Neige. Selena rejoint sa cousine et toutes deux partent en catimini vers la plage. Elles volent un âne et l’aventure commence. Il y a peu de paroles, tantôt en portugais tantôt en français, dans ce court-métrage, beaucoup de sons (les pas, les craquements de la paille, le grincement d’une porte, les chants d’oiseaux…), des animaux. Dans un cimetière, la petite voit apparaître une forme humaine floue vêtue de noir qui l’effraie et la fait fuir seule vers la forêt. En quelques heures, c’est toute la vie qu’elle va voir : fantôme, amoureux, mouton égorgé. Elle retrouve son calme et revient à la fête foraine du village puis s’endort et sans doute retrouve son rêve apprivoisé.
La puissance de ce court-métrage est dans les sons, dans ce que l’enfant porte à l’écran : ce calme, ces émotions qu’elle accepte, le sentiment que, spectateur, j’accompagne son expérience avec sa volonté et sa confiance : quand elle quitte le cimetière, par exemple, elle cherche la solitude et non le réconfort qui viendra à son heure, celle du retour au songe.
J'ai vu ce film sur proposition de MK2 Curiosity.