Je sors peu à peu de ma récente panne de lecture et reviens vous parler d’un autre thriller (il faut croire que je ne lis que ça en ce moment) avec « Au fond de l’eau » de Paula Hawkins.
Comme beaucoup, j’ai découvert cette romancière anglaise avec « La fille du train », gros best-seller dont je vous parlais ici et qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma portée par Emily Blunt (tout de même).
J’avais aimé ce thriller psychologique sans être, pour autant, pleinement convaincue (probablement car j’ai eu beaucoup de mal à apprécier le personnage principal de cette histoire). J’ai néanmoins été tout de suite intriguée par « Au fond de l’eau » lors de sa sortie et ce roman était sur ma liste depuis plusieurs années. Je l’ai repéré sur l’étal d’un bouquiniste lors d’un récent week-end à Strasbourg. Aussi, je n’ai pas résisté longtemps et je me suis plongée dedans (c’est le cas de le dire). Je suis restée en immersion tout le temps de la lecture tant je me suis laissée emportée par l’atmosphère si particulière qui se dégage du village de Beckford et de ses cadavres de femmes que les habitants n’ont de cesse de sortir de la rivière.
Le livre : « Au fond de l’eau » (ici)
Crédit photo : L&T
L’autrice : Paula Hawkins est une écrivaine britannique. Elle a étudié la philosophie, la politique et l’économie à l’université d’Oxford. Elle fut d’abord journaliste pour The Times avant de se lancer dans l’écriture, dans un premier temps sous le pseudonyme d’Amy Silver. Son roman « La Fille du train » a été un phénomène en librairie et s’est vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde. Pour la suivre, c’est ici.
Le résumé : « Une semaine avant sa mort, Nel a appelé sa sœur, Julia. Qui n’a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d’être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, leur ville natale, Julia est effrayée à l’idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur? D’affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s’occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu’elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu’elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c’est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent ».
Mon avis : Dans ce roman choral, c’est d’abord Julia (dite Jules) que l’on découvre. Cette londonienne introvertie et bouffée par les traumas de son adolescence doit, en effet, retourner à Beckford, coin d’Angleterre bucolique et un peu paumé, car le corps de sa sœur ainée, Nel, a été repêché dans la rivière.
Si le suicide est sérieusement envisagé, une enquête de police est tout de même ouverte. Il faut dire que la sulfureuse Nel n’avait pas que des amis à Beckford. Celle-ci avait, en effet, pour projet d’écrire un livre sur la rivière qui la fascinait tant et dans laquelle tant de femmes ont trouvé la mort. D’abord les prétendues sorcières qui y étaient soumises à l’Ordalie par l’eau froide, puis plusieurs femmes de Beckford au cours des siècles qui s’y seraient volontairement données la mort, la dernière en date n’étant autre que la meilleure amie de sa fille, Katie une jeune fille de 15 ans. Mais la résurgence de ces histoires ne plaît pas à tout le monde.
Les circonstances mystérieuses du suicide de Katie et la mort de Nel entretiennent-elles un lien ?C’est ce que plusieurs personnes commencent à se demander et notamment Erin, une policière fraichement mutée et qui a du mal à s’acclimater à la ville et ses nombreux mythes (si tant est qu’il s’agisse bien de cela).
Au fur et à mesure la théorie du suicide devient de moins en moins plausible et la piste meurtrière est privilégiée. Mais par qui et pourquoi ? Tant de suspects s’offrent aux lecteurs.
A tour de rôle, Paula Hawkins donne voix à ces personnages tourmentés ; attachants pour certains, insaisissables pour d’autres. Et toujours, la rivière, ce protagoniste principal qui semble faire le lien. Cette fameuse rivière devient alors métaphore et raconte la condition des femmes dans cette société patriarcale qui, malgré quelques progrès, reste obstinément patriarcale. Ce besoin de domination, de vengeance sur ces « femmes à problèmes », comme les appelait Nel, ne serait-il pas la clé de tout ?
J’ai apprécié que Paula Hawkins utilise cette toile de fond pour aborder des sujets difficiles à transcrire avec justesse : celui des relations toxiques, du viol, du désir féminin, de l’amitié passionnelle, de la sororité de manière générale, du deuil et de la reconstruction. Ce sont, en tout cas, les femmes qui sont à l’honneur dans ce livre, même si le sort qui leur est réservé est loin d’être enviable.
A l’instar de son premier livre, les personnages créés par Paula Hawkins ne sont pas lisses, pas forcément appréciés ou appréciables, mais je me suis tout de même identifiée à chacune de ces femmes et leurs failles (universelles).
Ce poche de 500 pages se lit très rapidement. Les chapitres sont relativement courts et l’alternance entre les différentes voix apporte du rythme et du suspense jusqu’à la toute fin du récit. Sachez que toutes les questions ne trouvent (volontairement) pas de réponse (en écho à la vie). Cela ne m’a, néanmoins, absolument pas dérangée. Au contraire, j’ai trouvé que cet aspect donnait plus de réalisme aux histoires qui nous sont racontées.
En bref : Un coup de cœur pour moi ! Si vous aimez les thrillers psychologiques et les atmosphères quasi mystiques, ce livre est fait pour vous. Il ferait en tout cas une chouette adaptation car il est assez visuel. Il m’a personnellement évoqué « Ophélie » de John Everett Millais, « Melancholia » de Lars Von Tiers, « Mystic River » de Clint Eastwood ou encore la chanson « Fade into you » de Mazzy Star.
Avez-vous lu « Au fond de l’eau » et/ou « La fille du train » ? Vous êtes tentés par cette lecture ?