Réconcilier la partie consciente et inconsciente du conditionnement émotionnel
« La constante du milieu intérieur est la condition d’une vie libre. » Claude Bernard
L’équilibre de notre milieu intérieur (glycémie, température, taux de sel dans le sang, etc.) en dépit des conditions de vie extérieures (chaleur, froid, etc.) est une condition essentielle à la survie de l’individu. On appelle cet équilibre dynamique l’homéostasie.
Ce sont les réflexes de survie commandés par le système nerveux sympathique qui permettent de maintenir cet équilibre. Dans cet équilibre dynamique, il va y avoir compétition entre deux actions opposées, par exemple celle de manger beaucoup ou de manger peu. Un des pôles d’action est sélectionné s’il représente un avantage pour la survie de l’individu.
Marie et Lisa
Lisa est en couple depuis un an. Elle a 33 ans. Elle veut perdre du poids mais n’y arrive pas. Dès qu’elle perd un kilo, elle en reprend davantage. Au cours de la consultation, elle dit avoir encore pris du poids. En disant cela, elle affiche un large sourire sans s’en rendre compte. Le langage de son corps et l’émotion qu’elle exprime sont en contradiction avec son souhait de maigrir. Le fait de prendre du poids soulage manifestement un stress chez elle.
On se souvient qu’elle est née prématurément et a été placée en couveuse. Le fait d’être arraché à sa mère est dramatique pour un nouveau-né car il est privé des besoins primordiaux de nourriture et de protection. Un faible poids peut devenir un inconvénient majeur. Il semble logique de penser qu’en réaction à un faible poids, on aura une prise de poids. Plus Lisa prend du poids, plus elle s’éloigne du stress de sa naissance et donc plus elle est récompensée. Elle a toutes les difficultés du monde à perdre du poids car cela la replonge dans le stress initial.
Chez Lisa, le conditionnement émotionnel pourrait s’énoncer : « manger c’est bon pour ma survie ». Si le conditionnement émotionnel est maintenu, le comportement se maintient aussi. La récompense qu’elle recherche en permanence est de manger à sa faim. Elle est bloquée tant qu’elle ne reconnaît pas que le surpoids vient solutionner quelque chose. C’est seulement si elle reconnaît cela qu’elle pourra changer, en remplaçant l’excès de nourriture par autre chose qui lui procurera un plaisir plus grand comme la pratique d’un sport par exemple.
La compréhension du sens du conditionnement permet de pouvoir agir dessus. On peut alors choisir la modalité de la réponse et la mettre en action.
Guérir, c’est sortir du rail de la réponse automatique du conditionnement et choisir en toute liberté une nouvelle réponse.
Si on est en surpoids, le premier pas vers la guérison est de rechercher pourquoi l’organisme a mis en place cette adaptation-là et pas une autre.
C’est en acceptant le surpoids et en comprenant son sens qu’il est possible d’adopter un nouveau comportement qui présente des bénéfices encore plus grands que celui procuré par la nourriture.
Pourquoi éprouve-t-on des difficultés à changer ?
Changer signifie modifier l’équilibre de notre milieu interne. C’est le plus difficile, du point de vue biologique, car cet équilibre est contrôlé de manière involontaire et inconsciente par le système nerveux sympathique.
Changer, c’est donc se mettre en danger, dans l'inconnu d'un nouveau fonctionnement qui n’a pas encore fait ses preuves.
Si on reprend l’exemple du chien de Pavlov, comment pourrait-on le reconditionner ? Déprogrammer n’aurait aucun sens. On ne peut pas désapprendre quelque chose qui a eu un sens à un moment donné. Cependant, on peut apprendre quelque chose de nouveau. On pourrait, par exemple, reconditionner le chien a un stimulus plus agréable que le fait de lui présenter de la nourriture. Par exemple, chaque fois que la cloche sonne, aller le promener. Après reconditionnement, au lieu de saliver, il ira chercher sa laisse ou remuera la queue par exemple…
Source : L'impact des émotions sur l'ADN (2014) de Nathalie Zammatteo