Architecte de formation, Guido Guidi adopte la photographie comme langage dans les années 60, attiré par le travail de Walker Evans, de Lee Friedlander, le cinéma néoréaliste italien et l’art conceptuel. Considéré comme l’une des figures incontournables de la photographie italienne, Guido Guidi n’a cessé d’explorer les paysages du Nord de l’Italie. Publié par les éditions britanniques Mack, Di sguincio – qui signifie de biais, de côté ou vu du coin de l’œil – rassemble plus d’une centaine de photographies en noir et blanc réalisées par l’artiste avec des appareils photo de petit format entre 1969 et 1981. Ces images témoignent des premiers dialogues expérimentaux entre Guidi et son appareil photo : réalisées sans regarder dans le viseur et éclairées par un flash lumineux, elles capturent des personnes, des corps, des gestes, des événements mineurs et des fragments d’espace dans des moments de rencontre soudaine, voire insidieuse. Bien que formellement austères et même à la limite de l’abstraction, elles documentent des personnes et des lieux proches – sa maison familiale à Cesena, les amis avec lesquels il partageait un appartement à Trévise, les collègues de l’Institut d’architecture de l’Université de Venise – formant des œuvres personnelles affectueuses qui explorent la tension performative au cœur de l’image. Ce livre reproduit les tirages de Guidi de l’époque, avec leur contraste élevé, leur flou et leur définition inhabituels, et leurs annotations manuscrites obliques, parfois indiscernables. Évoquant les joies de l’invention et de la collaboration au début d’une carrière artistique, ces fragments reflètent également l’agitation psychologique, sociale et politique de l’Italie à une époque de crise et de contestation des valeurs sociales, mêlant les influences du néoréalisme et du postmodernisme à la recherche de nouvelles formes. Le thème photographique fondamental du temps – tel qu’il est enregistré, vécu et manipulé – est leur constante insaisissable. Avec Di sguincio, nous découvrons un ensemble d’anti-documents ou de documents anachroniques – tamponnés, annotés et parfois artificiellement vieillis – qui commentent avec ironie les prétentions de la photographie à la vérité et révèlent les fondements d’un engagement de toute une vie avec les possibilités du médium. L’ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Mack.