Quiconque a rencontré un sanglier au cours d’une marche dans la forêt, et n’étant pas chasseur, s’en souvient longtemps. La peur s’installe contre laquelle on ne peut pas grand chose. Fanny Chiarello, arrivée au Val de Reuil, et marchant dans un sentier, pensait peut-être que seule comptait alors dans sa vie une absence. Mais le sanglier, incongru, puissance, va prendre toute la place. Est-il une menace ? Elle le tutoie : « tu es ici es ici es ici / tu es ici à ta place ». Son coeur bat trop vite, va-t-elle mourir ? Un sanglier a traversé le sentier, et plus tard, la harde, laie et marcassins.
Un autre jour, une autre amie poète lui raconte le sanglier dont elle a vu la carcasse, décapitée, peut-être par un train grande vitesse… « Aux limites de la civilisation tracée par les Watts ».
Cette présence, ce passage dans le sentier, la mort possible en soi et hors de soi, la proximité du sauvage, le choix de la forêt, dans ce livre, dans un fouillis de branchages, dans le train.