Lucie est une jeune fille de quinze ans à l’imagination débordante.
Depuis la mort de sa mère dans un accident de moto quand elle avait trois ans, elle vit seule avec William son père , un biker dont la sclérose en plaques empire de jour en jour, qui fume des joints (pour atténuer les symptômes), aime les motos, le heavy-metal, la pizza et les jeux de rôle. Entre l’école et son père dont elle doit s’occuper, Lucie est un peu sous pression et s’évade le matin en écrivant une autobiographie fantasy.
Quand William apprend que Madame Toussaint, l’assistante sociale doit leur rendre visite pour voir si tout va bien, elle décide qu’elle et son père doivent à tout prix jouer la comédie de la normalité pour éviter qu’on ne la place en foyer.
On avait remarqué le réalisateur Olivier Babinet avec "Swagger" et "Poisson-sexe", deux films poétiques et singuliers qui laissaient le décalage surgir au cœur d’une réalité sociale captée avec vérité pour mieux la transcender.
"Normale" fait mentir son titre en proposant le même univers avec cette adaptation d’une pièce de théâtre (Le Monstre du couloir, de David Greig) qui tient à la fois du teen movie et de la chronique sociale.
Olivier Babinet signe son film de fiction le plus grand public sans pour autant trahir son univers de cinéma.
Tout en en gardant les codes du teen movie, il échappe à la « normalité » par son inventivité, son onirisme, ses audaces formelles poétisant un réel parfois cruel.
Une fable inégale mais généreuse et romantique, drôlement touchante et une proposition de cinéma intègre où le visuel et l’émotionnel font jeu commun avec délicatesse et originalité et qui mérite assurément le coup d'oeil..
Son casting, au sommet duquel trône l’épatante et très prometteuse Justine Lacroix, et un Benoit Poelvoorde étonnamment tout en retenue, y est pour beaucoup.
Normale ** en salles depuis le 5 avril 2023
D’Olivier Babinet, avec Justine Lacroix, Benoît Poelvoorde. 1h27.