Il faut admettre que son positionnement semble particulièrement astucieux : si son accroche principale reprend les classiques éculés des dépenses partagées, en insistant comme il se doit sur les innombrables occasions de la vie (surtout des jeunes) où les interactions se mélangent avec des questions d'argent, elle dépasse ce seul créneau en incluant un second volet, à travers lequel les participants peuvent solliciter une avance auprès de leurs contacts, les remboursements respectant le même processus de suivi.
Afin de rendre sa proposition encore plus percutante auprès de son audience, Loop cible plus précisément les situations de difficultés temporaires de trésorerie, telles qu'une fin de mois difficile ou une dépense imprévue, et suggère alors de recourir à l'aide des amis et de la famille pour obtenir les 20 ou 30 livres nécessaires à l'équilibre du budget plutôt que de laisser se creuser un très coûteux découvert à la banque, en laissant à son application le soin de gérer tous les détails pratiques (dont les rappels d'échéance).
Entre les 10 milliards de livres de découverts en cours en permanence au Royaume-Uni (rapportant 2 milliards à l'industrie, annuellement), dont 30% pour moins de 10 livres et 40% sur une période inférieure à une semaine, et les emprunts informels estimés à 12,5 milliards de livres par an, Loop a indiscutablement identifié une opportunité. Elle profite en outre de ces opérations pour formuler un indice de confiance de chaque utilisateur, destiné à rassurer ses créanciers… et qui contribue également à son score de crédit.
En dépit de ses bonnes idées et de ses 2 millions d'adeptes conquis (avec un service entièrement gratuit), le rapprochement prématuré avec Tandem laisse imaginer que la mise au point d'un modèle économique viable sur ce type de fonctions n'est guère aisée. Ce qui surprend toutefois est le choix initial de maintenir son existence autonome et de procéder à une intégration des produits de sa nouvelle parente dans son périmètre, de manière à assembler une sorte de plate-forme sociale des finances personnelles.
L'inverse aurait pourtant semblé plus rationnel, via l'introduction d'une option supplémentaire parmi les différentes facilités de prêt (à la consommation, notamment) distribuées par Tandem. Mais il est vrai que, au fil de ses acquisitions, celle-ci a pris une orientation assez spéciale (qui, incidemment lui a permis d'atteindre la rentabilité), focalisée exclusivement sur le crédit et l'épargne (elle a totalement abandonné les comptes de dépôt et les paiements), qui limite la pertinence d'une telle approche.
En l'état, il faudra donc se contenter de cette solution indépendante, dont l'avenir reste incertain tant que sa capacité à générer des revenus n'est pas démontrée. À moins qu'une banque – historique ou émergente – ne prenne conscience du potentiel du concept, non seulement en termes de fidélisation et de viralité mais également dans le soutien qu'il peut apporter à la mesure de fiabilité des clients sur le crédit, et décide qu'il vaut de consentir un sacrifice sur la poule aux œufs d'or (décriée) des découverts.