Je suis n’importe qui
Mêlé à la poussière errante de la foule
Et mes mains sont trop lourdes pour la poésie
Et mon cœur se renverse à la table commune
Trinquant à la santé du monde comme il tourne
Je n’ai rien accepté je n’ai rien refusé
Je laisse les mouches ensevelir les morts
Et s’il m’arrive encore de me souvenir
D’une aurore en forêt d’un vol de libellules
C’est d’un élan trop bref pour toucher les étoiles
Le feu des images me couronne de cendres
Et seule mon angoisse s’émerveille parfois
D’une vie trop fragile pour être vécue
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Christian Bachelin (1933-2014) – Neige exterminatrice – Poèmes 1967-2003 (Le Temps qu’il fait, 2004)