Pour ce rendez-vous poétique avec Marilyne, nous avons évidemment choisi un poète ou une poétesse belge. J’ai choisi un de mes auteurs préférés, Achille Chavée, dans un poème surréaliste à souhait : Etre bon.
A Albert Ludé
Un éléphant se baladait dans ma cuisine
je lui ai dit très gentiment
tu n’es pas ici chez un marchand
de porcelaine
tu es chez le poète
apprends à te conduire
et il disparut avec délicatesse sagement
Un éléphant blanc cette fois
chose rare
se balade dans le corridor
et je lui dis
tu n’es pas chez un énergumène
et voilà qu’il me répond
pardon monsieur le poète pardon
J’aurais pu croire
que j’en avais terminé avec les éléphants
et je vais dans ma chambre à coucher
Par principe
je regarde en dessous de mon lit
vous savez bien ce que parler veut dire
j’y trouve encore un éléphant
Je ne me suis pas fâché
je n’ai pas cru à une farce
je lui ai dit
viens dans mon lit mon vieux
viens dormir avec moi
à chaque jour suffit sa peine
je t’accorde le bénéfice du droit d’asile
et je me suis endormi
paisiblement
1953
Ce texte est paru dans L’Enseignement libre, 1958. Je l’ai trouvé dans l’anthologie consacrée à Achille CHAVEE, Ecrit sur un drapeau qui brûle, Espace Nord, 2019
Impossible de ne pas penser au maître surréaliste belge pour accompagner ce poème.
René Magritte, Le Thérapeute
Marilyne a choisi Les petites rues de Françoise Lison-Leroy.