Tout ce qui se déroule incite à se retirer du champ humain. Les dirigeants criminels qui jouent avec la vie des autres pour assouvir leurs archaïques ambitions et combler leur ego grotesque, avec la complicité d'une partie de la population pour qui la "servitude volontaire" décrit par le fulgurant La Boétie est devenue une raison d'être ; la dérive climatique qui rend dérisoire toute initiative à l'échelle d'un ou de quelques pays ; les manifestants et grévistes français qui s'acharnent dans leur pseudo révolution d'autruches... et tant d'autres facteurs qui pourraient s'agréger ici avec un peu plus de suivi de ma part.
Pétrifiant panorama qui impose un changement radical de fonctionnement de l'espèce humaine : l'anthropocène requiert une organisation politique à la hauteur de l'ère ouverte par notre genre vivant qui exploite, saccage et détruit massivement. Victor Hugo appelait en son temps aux "États-Unis d'Europe", mais la situation rend cette ambition, qui nous semble pourtant encore, pour nous Européens, inaccessible, trop timide et inadaptée aux défis imposés. Seule une gouvernance mondiale réelle pourrait atténuer la suite du processus provoqué par la frénétique activité humaine... Montaigne affirmait que ne rien faire constitue la première et la plus fondamentale des occupations, car elle se concentre d'abord sur l'acte de vivre : suivre ce précepte humaniste nous aurait fait économiser et mieux respecter les trésors de la Terre.
Nous voilà dans le chaos du changement climatique et des décérébrés aux manettes s'acharnent dans leur dérisoire mais hautement criminel acharnement militaire. Tant de vies, d'énergie et de moyens dédiés à la stérile folie de quelques-uns : voilà ce que devrait juger une juridiction pénale internationale, voilà ce que jugeront avec dégoût les générations des siècles suivants si la dévastation engendrée par notre génération leur laisse la simple perspective d'exister. Honteuse arriération comportementale qui se déroule sans qu'individuellement on puisse influer en quoi que ce soit.
Alors modérer son rapport au monde aliénant reste la seule voie sans issue supportable.