Belgiques (Luc Baba)

Publié le 03 avril 2023 par Adtraviata

Ker éditions présente ainsi sa collection Belgiques :

(C’est) « est une collection de recueils de nouvelles. Chaque recueil, écrit par un seul auteur, est
un portrait en mosaïque de la Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de
la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques, tantôt doux-amers, chacun de
ces tableaux impressionnistes est le reflet d’une Belgique : celle de l’auteur.
Trois recueils sortiront chaque année. Trois recueils et donc trois auteurs. »

Luc Baba – désormais un de mes auteurs belges chouchous – fait partie des premiers auteurs publiés en 2017, avec Alain Dartevelle et Vincent Engels. C’est la première fois que je lis un recueil de cette collection (une bonne pette sortie de PAL donc).

La première nouvelle, La drache, raconte une jolie rencontre entre une vieille dame bien wallonne et un gamin hollandais (ou flamand ?) perdu ; la promenade pour ramener le garçon à ses parents convoque les souvenirs de la villageoise avec tendresse et nostalgie. Les autres nouvelles (dix au total, des textes assez courts, de quelques pages), mettent en scène un étudiant immigré qui a un peu de mal à s’adapter, une jeune femme fraîchement diplômée en médecine, des mineurs, des révolutionnaires belges de 1831 et même Jacques Brel en tant que réalisateur de film. Luc Baba imagine des histoires ancrées dans la grande Histoire de la Belgique, dans des thèmes de société, dans la culture belge avec notamment cette correspondance entre Tintin et le Capitaine Haddock ou cette nouvelle sur les peintres. Il n(‘oublie pas le côté complètement surréaliste des grands travaux inutiles (nouvelle sans doute inspirée de la série de reportages consacrés à de vrais chantiers inutiles par le journaliste Jean-Claude Defossey). Bref, des nouvelles variées dans le temps, l’espace, des nouvelles éclectiques pour brosser un tableau des différentes facettes du pays, dans un style à la fois simple et travaillé, très agréable à lire.

« Je vis dans un pays de méditation malmené par les grues de chantier. bâti par malheur, urbanisé jusqu’à l’effacement de son âme de terre et d’eau. Il faut faire abstraction pour vivre encore entre Arlon et Bruges. peindre ou peu importe.

Créer.

Créer, pour agrandir l’espace, ajouter des champs infinis d’images et de rêves, des paysages de ce réel infime, profond, hérité de siècle collectifs, nourri au partage des premiers peuples, à leurs premières guerres, aussi.

D’ailleurs, créer n’existe pas. On se souvient, dans l’oubli de ce que l’on connaît. On se souvient de ce qui nous dépasse, et des pans de lumière et d’ombre nous traversent. En certains lieux, l’ombre l’emporte. » (Divagations pour les peintres, p. 75) 

Luc BABA, Belgiques, Ker éditions, 2017

Le Mois belge 2023 – Rendez-vous Nouvelles ce lundi