Pourquoi est-ce que tu reviens, avril ?
La beauté ne suffit pas.
Tu ne peux plus m’apaiser avec la rougeur
De petites feuilles qui s’entêtent à s’ouvrir.
Je sais ce que je sais.
Le soleil me brûle la nuque quand j’observe
La pointe des crocus.
La terre dégage une bonne odeur.
Il est clair que la mort n’existe pas.
Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Il n’y a pas que sous terre que le cerveau des hommes
Est dévoré par les asticots.
La vie elle-même
N’est rien,
Une coupe vide, une volée d’escaliers sans tapis.
Cela ne suffit pas que, chaque année, dans cette colline,
Avril
Arrive comme un idiot, en gazouillant et en parsemant des fleurs.
*
Spring
To what purpose, April, do you return again?
Beauty is not enough.
You can no longer quiet me with the redness
Of little leaves opening stickily.
I know what I know.
The sun is hot on my neck as I observe
The spikes of the crocus.
The smell of the earth is good.
It is apparent that there is no death.
But what does that signify?
Not only under ground are the brains of men
Eaten by maggots.
Life in itself
Is nothing,
An empty cup, a flight of uncarpeted stairs.
It is not enough that yearly, down this hill,
April
Comes like an idiot, babbling and strewing flowers.
***
Edna St. Vincent Millay (1892-1950) – Traduit de l’américain par Cécile A. Holdban.