Depuis 1980, le lineup de Depeche Mode avait finalement été relativement stable. Suite au départ après un seul album de Vince Clark vers de nouveaux horizons musicaux laissant alors Martin Gore devenir la plume du groupe, Alan Wilder allait prendre le quatrième siège de façon incommensurable pour les sept albums suivants, avant de lui-même dire stop. Ensuite, le trio Gore – Gahan – Fletcher aura poursuivi sans qu’on puisse leur faire le moindre reproche pour six nouveaux albums qui jamais n’affaiblir ni leur réputation ni leur renommée.
Dorénavant, la fatalité de la vie en décidant ainsi, Depeche Mode, c’est Dave et Martin seuls, donc DM, et cela quand bien même ils continuent d’être plus entourés que jamais : que ce soit du musicien et producteur anglais James Ford (qui a coécrit une chanson) ou le désormais éternel Anton Corbijn pour tout l’artwork. Depuis le départ d’Alan Wilder, le nouveau rythme du groupe était parfaitement carré puisqu’ils publiaient un nouvel album studio tous les 4 ans. Leur destin personnel donc, mais aussi celui de toute la planète aura retardé, sans réussir à le stopper, leur processus créatif. Les six années qui nous séparent de Spirit semblent étonnamment avoir défilé tel un coup de vent.
Comme à leur habitude désormais depuis quelques albums, Dave Gahan a coécrit trois des douze chansons, alors que Martin Gore en signe seul ou accompagné dix au total. Richard Butler ajoute sa touche sur quatre chansons, Christian Eigner sur deux chansons, et Peter Gordeno et Marta Salogni chacun sur une chanson. Chose rare mais à laquelle on commence à prendre goût puisque depuis Sounds Of The Universe on y a systématiquement droit une fois : « Wagging tongue » est née de la collaboration de Dave et Martin.
Les critiques sont un peu unanimes sur les qualités de Memento Mori. Loin d’être en désaccord avec tout cela puisque j’avoue que cela fait longtemps que je n’avais pas été immédiatement été conquis par un album de Depeche Mode aussi aisément, je ne mesure pas pour autant l’impact que peut avoir le contexte de sa création autour de la naissance de ce phœnix inespéré. Un peu comme lors de la sortie, en 2020, de Fall To Pieces de Tricky qui venait suite au décès prématuré de sa fille : les critiques semblaient s’être soudainement réveillé sur le génie anglais, alors même que tout ce qu’il publie depuis False Idols était de même acabit en terme de qualité. De la même façon que Spirit, Delta Machine et ses prédécesseurs en remontant jusqu’à Exciter (car Ultra marque le plus souvent la fin des sommets himalayens du groupe, le premier album sans Wilder ayant été une énorme renaissance, déjà).
Quinze albums studios et quatre décennies complètes plus tard, et Depeche Mode continue de remplir les stades tout en créant des œuvres qui nous touchent. La définition même d’un grand groupe.
Andrew John Fletcher
1961–2022
« in our HEARTS and MINDS »
dave & martin
(in Heepro Music, le 01/04/2023)
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