Toujours à l'occasion de la célébration de " La Journée mondiale des troubles bipolaire " demain, 30 mars, sera célébrée, et après le témoignage de Leila, que j'ai posté hier. : Je m'appelle Leila, j'ai 35 ans et je suis bipolaire..., voici la confession émouvante d'Alex, un homme bipolaire :
" Je m'appelle Alex, j e suis allongé avec mon chat entre mes bras, sur le même divan de mon salon que je ne quitte presque jamais, à contempler ma vie. Une vie qui a été remplie de hauts et de bas, de joies et de peines. Je suis un homme adulte très intelligent, mais je suis aussi bipolaire. J'ai été diagnostiqué dès mon plus jeune âge.
Je ne sais pas vraiment par où commencer. Il y a tellement de choses que je voudrais vous dire, tellement de choses que j'ai gardées pour moi depuis si longtemps. Mais je suppose que je devrais tout simplement commencer par le début. Je suis un homme adulte, diagnostiqué bipolaire depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours su que quelque chose n'allait pas chez moi. J'ai toujours été différent des autres enfants de mon âge. J'étais plus émotif, plus impulsif, plus... tout. Mais ce n'est que lorsque j'ai commencé à avoir des épisodes maniaques que j'ai compris que j'étais différent d'une manière plus profonde. Malgré cela, j'ai continué à vivre ma vie. J'ai travaillé dur et j'étais très brillant à l'école. J'ai réussi mes études universitaires avec excellence. J'ai eu un parcours professionnel exceptionnel. J'ai eu des amis et j'ai participé à des activités. Mais, il y avait toujours cette anxiété constante. J'avais peur de ne pas être accepté, peur de ne pas être aimé. Je suis maintenant aux portes de la retraite et ma situation a empiré, particulièrement pendant mes phases maniaques, mais aussi mes phases dépressives. Les épisodes maniaques sont comme des montagnes russes. Ils commencent lentement, puis prennent de l'ampleur jusqu'à ce que tout soit hors de contrôle. Je me sens invincible, comme si rien ne pouvait m'arrêter. Je suis plus productif, plus créatif, plus inspiré que jamais. Mais avec le temps, les choses commencent à déraper. Je commence à prendre des risques de plus en plus grands, à mal gérer mes finances, à avoir des relations affectives éphémères. Tout cela semble excitant à l'époque. Mes phases maniaques ne sont pas seulement des moments de bonheur. Elles sont accompagnées de délires, de comportements impulsifs et d'agressivité envers moi-même et mon entourage, en particulier ma famille qui a dû faire face à mes crises et à mes humeurs changeantes. Mes amis aussi ont été témoins de mes comportements imprudents et ont dû supporter mes excès. J'ai brisé des cœurs et j'ai laissé des cicatrices qui ne guériront jamais. Pendant ces phases, je me sens tellement sûr de moi, que je refuse d'admettre que j'ai un problème. Je suis dans le déni total de ma situation, et je crois que tout va bien. Je ne réalise pas que je suis en train de perdre le contrôle de ma vie, et que je suis en train de faire du mal à ceux que j'aime le plus. Lorsque mon humeur se stabilise un peu, je finis toujours par me réveiller avec un sentiment de honte et de culpabilité. Surtout quand je me rends compte de l'impact que j'ai eu sur mon entourage, et cela me fait très mal. Je voudrais pouvoir retourner en arrière, effacer les erreurs du passé, mais je sais que je ne peux pas. Tout ce que je peux faire, c'est m'excuser, essayer de réparer les dommages et travailler sur moi-même pour que cela ne se reproduise plus jamais. Je ne suis pas fier de mon comportement lors de ces épisodes, même si je ne peux pas les contrôler. Elles font partie de moi, et je dois apprendre à vivre avec. Je dois apprendre à reconnaître les signes avant-coureurs, à être conscient de mes actions et de leur impact sur les autres. Je dois être plus ouvert avec ma famille, leur expliquer ce que je ressens et comment ils peuvent m'aider. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis désolé. Je suis désolé pour les gens que j'ai blessés, pour les relations que j'ai ruinées, pour les choses que j'ai faites. Je suis désolé pour moi-même, pour les années que j'ai perdues à cause de ma maladie. Mais je suis aussi reconnaissant pour les personnes qui sont restées à mes côtés, pour celles qui m'ont soutenu et aimé malgré mes défauts. Il y a eu des moments où je suis entré dans l'autodestruction. J'ai fait des tentatives de suicide, , j'ai pris des médicaments qui ont eu des effets secondaires terribles. La bipolarité a été un combat constant, un défi que j'ai dû relever chaque jour de ma vie.Je sais que je ne guérirai jamais de mon trouble bipolaire, mais j'espère pouvoir vivre avec de manière plus stable et plus équilibrée. Je veux être capable de profiter des bons moments sans avoir peur de ce qui peut arriver après. Je veux être capable de vivre ma vie sans avoir peur de blesser les gens que j'aime.
Maintenant, je traverse une phase dépressive et je me sens fatigué. Fatigué de vivre dans un monde qui ne me comprend pas, fatigué de me battre contre mes propres démons, fatigué de me sentir seul, fatigué de vivre avec cette maladie qui me consume. Je suis fatigué de ces phases en montagne russe qui me happent, de cette tristesse qui m'envahit et qui me laisse sans force, sans énergie. Je suis fatigué de ces moments où je n'ai plus le goût de rien, où je ne trouve plus de sens à ma vie. Je suis fatigué de ces moments où je me sens inutile, où je me demande si je suis vraiment capable de faire quoi que ce soit. Je suis fatigué de cette solitude qui me pèse, de cette sensation d'être différent des autres, de me sentir incompris. Je suis fatigué de ces moments où je me sens exclu, où je n'ai pas envie de voir personne, où je me réfugie dans ma bulle. Je suis fatigué de cette sensation d'être seul au monde, de ne pas avoir de liens forts avec les autres. Je suis fatigué de ces souffrances que je porte en moi, de ces cicatrices qui ne se referment jamais complètement. Je suis fatigué de ces moments où je me sens coupable, où je me reproche des choses que je n'ai pas faites, où je me sens responsable de tout ce qui arrive. Je suis fatigué de ces moments où je me sens impuissant, où je n'arrive pas à changer les choses, où je n'ai pas d'autre choix que de subir.Je suis fatigué de cette maladie qui me fait osciller entre des phases de grande euphorie et des phases de grande tristesse. Je suis fatigué de cette maladie qui m'empêche de vivre ma vie comme je le voudrais, qui m'oblige à prendre des médicaments qui ont des effets secondaires désagréables, qui m'oblige à consulter régulièrement des psychiatres, des psychologues, des thérapeutes.
Je suis fatigué de devoir cacher ma maladie aux autres, de devoir faire semblant d'être heureux alors que je suis en train de sombrer. Je suis fatigué de devoir expliquer aux autres ce qu'est la bipolarité, de devoir justifier mes absences, mes retards, mes changements d'humeur. Je suis fatigué de devoir me justifier tout le temps, de devoir prouver que je suis capable de travailler, de vivre normalement. Je suis fatigué de devoir constamment lutter contre moi-même, contre mes pensées négatives, contre mes peurs, contre mes angoisses. Je suis fatigué de devoir faire des efforts pour être heureux, pour trouver des raisons de vivre, pour ne pas sombrer dans la dépression. Je suis fatigué de tout ça, mais je ne baisserai pas les bras. Je continuerai à me battre, à avancer, à chercher des solutions pour améliorer ma vie. Je continuerai à parler de ma maladie, à sensibiliser les autres, à essayer de faire changer les mentalités. Je sais que je ne suis pas seul dans cette situation, il y a des milliers de personnes comme moi qui vivent avec la bipolarité. Nous avons besoin de soutien, de compréhension, d'amour. Nous avons besoin de vivre dans un monde où la différence est acceptée, où la maladie mentale est prise en compte, où chacun peut être lui-même sans être jugé.Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je suis déterminé à continuer à lutter. Je suis déterminé à travailler sur moi-même, à devenir une meilleure personne, à ne plus jamais laisser mes épisodes maniaques prendre le contrôle. Je veux être en mesure de regarder en arrière et de dire que j'ai fait tout mon possible pour réparer les dommages que j'ai causés. Et j'espère que les personnes qui m'ont connu à mes pires moments pourront voir la personne que je suis vraiment, une personne qui se bat pour être en paix avec elle-même et avec les autres. "
Pour aller plus loin, je vous propose de télécharger le livre : Le trouble bipolaire pour ceux qui en souffrent et leurs proches.
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