Le 30 mars, sera célébrée " La Journée mondiale des troubles bipolaire ", ce jour coïncide avec l'anniversaire du peintre néerlandais Vincent van Gogh, diagnostiqué à titre posthume comme porteur probable de la maladie.
J'ai choisi cette occasion pour publier une série des billets, que je commence par ce témoignage de mon amie Leila que j'ai recueilli et résumé :
" Je m'appelle Leila, j'ai 35 ans et je suis bipolaire. Mon histoire n'est pas facile à raconter, mais je vais tout de même essayer de vous expliquer ce que j'ai vécu et ce que j'ai ressenti au quotidien.
Quand j'étais enfant, j'étais une petite fille heureuse et insouciante. J'adorais dessiner, peindre, jouer de la musique et écrire des histoires. Je me souviens que je pouvais passer des heures à dessiner des paysages imaginaires ou à inventer des histoires incroyables. Tout était simple et tout était possible. Mais quand j'ai atteint l'adolescence, j'ai commencé à ressentir des choses étranges. Je me sentais souvent triste, malheureuse, et je ne pouvais pas vraiment expliquer pourquoi. Mes émotions étaient souvent extrêmes, soit très haut, soit très bas. Je pouvais passer d'un état de joie intense à un état de dépression profonde en l'espace de quelques minutes. C'est à l'âge de 18 ans que j'ai été diagnostiquée bipolaire. Je me souviens que j'étais terrifiée, je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait. Mais petit à petit, j'ai commencé à comprendre que j'avais un trouble de l'humeur qui pouvait causer des fluctuations extrêmes dans mon état émotionnel. Le plus difficile pour moi, c'était les moments de dépression. Je me sentais souvent comme si j'étais dans un trou noir, incapable de sortir. Je n'avais plus envie de faire quoi que ce soit, je ne trouvais plus de sens à ma vie. Tout était terne, tout était gris. Je ne pouvais pas m'empêcher de pleurer et de me sentir misérable... Mais il y avait aussi des moments de créativité, d'euphorie et d'inspiration. Ces moments étaient très intenses et très agréables. J'avais l'impression d'être sur le toit du monde, comme si rien ne pouvait m'arrêter. Je pouvais écrire des poèmes, des chansons, des histoires, je pouvais peindre des tableaux magnifiques. Tout était facile et tout était beau.Je me rappelle d'un été en particulier, où j'ai passé des semaines entières à écrire un roman. Je me levais tôt le matin, je buvais un café et je commençais à écrire. Je n'arrêtais que pour manger et pour dormir. J'étais tellement absorbée par mon travail que je ne voyais pas le temps passer. Je me sentais heureuse, accomplie. C'était un roman inachevé et jeté par la suite dans les oubliettes...
Mais cette euphorie n'était pas toujours facile à gérer. Parfois, j'avais l'impression que je pouvais tout faire, que je pouvais réaliser tous mes rêves en un seul jour. J'oubliais que j'étais bipolaire, j'oubliais que j'avais des limites. Je dépensais trop d'argent, je prenais des risques inconsidérés, je me mettais en danger. Ces moments étaient suivis de moments de souffrance, de douleurs et de dépression. Après une période d'euphorie, j'étais complétement épuisée, vidée de toute mon énergie. En grandissant, mes épisodes de bipolarité sont devenus plus fréquents et plus intenses. J'ai commencé à avoir des difficultés à gérer mes émotions et mes impulsions. J'ai fait des choses que je regrette, j'ai blessé des personnes que j'aime, j'ai ruiné des relations importantes. La bipolarité a pris une place de plus en plus importante dans ma vie, et je me suis sentie souvent isolée et incomprise. Pourtant, malgré les moments difficiles, j'ai continué à lire, à écrire, à peindre. Ces activités ont été un refuge pour moi, une manière de m'exprimer et de donner un sens à ma vie. J'ai appris à utiliser mes épisodes de créativité pour me sentir mieux, pour me donner un but. J'ai compris que ma bipolarité pouvait être à la fois un fardeau et une bénédiction... Mais il y a eu des moments où la bipolarité a failli me détruire. J'ai fait des tentatives de suicide, j'ai été hospitalisée à plusieurs reprises, j'ai pris des médicaments qui ont eu des effets secondaires terribles. La bipolarité a été un combat constant, un défi que j'ai dû relever chaque jour de ma vie... Il y a eu des moments où j'ai perdu espoir, où j'ai pensé que je ne m'en sortirais jamais. Mais j'ai également eu des moments où j'ai réalisé à quel point j'étais forte. J'ai compris que j'avais survécu à des choses difficiles, que j'avais surmonté des obstacles incroyables. J'ai réalisé que j'étais capable de faire face à ma bipolarité, et que je pouvais aider d'autres personnes qui étaient dans la même situation que moi...Aujourd'hui, je suis fière de dire que je suis bipolaire. Je suis fière de dire que j'ai réussi à vivre avec cette maladie, que j'ai réussi à en faire quelque chose de positif. J'ai écrit un récit sur ma bipolarité, dans lequel j'explique comment j'ai appris à vivre avec cette maladie et à en faire une force.
Je suis également devenue militante pour la santé mentale. J'ai réalisé à quel point il était important de parler de ces sujets, de briser les tabous, de sensibiliser les gens. J'ai travaillé avec des associations pour aider les personnes qui souffrent de bipolarité, pour leur donner des outils et des ressources pour mieux gérer leur maladie. Bien sûr, il y a encore des jours où je me sens mal, où je suis triste ou en colère. Il y a encore des jours où j'ai envie de tout abandonner. Mais j'ai appris à ne pas laisser ces émotions prendre le dessus sur moi. J'ai appris à prendre soin de moi, à demander de l'aide quand j'en ai besoin, à me rappeler que je ne suis plus qu'une simple maladie...Je sais que je suis chanceuse d'avoir une famille et des amis qui me soutiennent, qui m'aiment telle que je suis. Je sais que tout le monde n'a pas cette chance. C'est pour cela que je veux continuer à aider les personnes qui souffrent de bipolarité, à leur donner l'espoir qu'il est possible de vivre une vie épanouissante et heureuse. "
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