Faut-il avoir vu Blow Up, de Michelangelo Antonioni, lu Les fils de la vierge, de Julio Cortazar et/ou La pornographie, de Witold Gombrowicz pour lire ce petit livre de Suzanne Doppelt ?
Autrement dit : ce livre est-il réservé à quelques-uns ?
Je n'ai pas vu Blow Up, pas lu Les fils de la vierge, ni La pornographie.
Je reconnais être entré dans ce livre avec inquiétude, cherchant l'image que je n'avais pas vue, une histoire qui ne m'avait pas été racontée. J'ai accepté les références : un film, une nouvelle et un roman. Et puis, avançant dans le parc, j'ai vu changer les lumières :
" on dit noir illimité et blanc qui nous débarrasse
de l'obscurité, entre les deux sans extérieur ni résonance
le gris une gamme à lui seul, de la taupe à la souris "
Plus loin, on y revient (en fait on ne revient pas) :
" le soleil a l'épaisseur d'une feuille et la taille d'un pied
d'homme mais le regarder de face et non son image
reflétée c'est risquer de ne plus voir ou ne voir que du
blanc "
Les images adviennent dans ce livre dont les pages accueillent des caractères différents et parfois des photos assemblées un peu à la façon d'un puzzle.
Le flâneur " se perd à mesure que le
temps avance (...)
il s'efface derrière un brouillon de
faits indécis et rien ne revient sinon le jour ordinaire
au milieu d'un parc entre deux ponts, dans la
campagne profonde. "
Avancer dans le brouillard donc, dans " le vert " :
" trop de lumière retourne la vue pareil le brouillard
et les larmes "