Ce beau recueil « Sans adresse ni timbre » est paru chez Edition Populaire en juillet 2022 et il m’a causé une vive émotion par la concision et la pureté de son expression et par la force de ses thèmes : l’amour, la maladie psychique. Comment réagir lorsque la femme aimée se laisse envahir par le désespoir et qu’elle cède à ses idées noires ?
Je ne connaissais pas du tout le sujet de ce livre lorsque j’en ai commencé la lecture et, au fil des pages, je suis entrée peu à peu dans cette douleur affective. La situation de ce couple se dessine un peu plus nettement à chaque poème et nous sensibilise au chagrin de cette jeune femme et à celui du poète, à ses sentiments d’impuissance ou de culpabilité.
On perçoit à travers ces textes une belle déclaration d’amour du poète pour son épouse en détresse et c’est très émouvant.
Biographie du Poète
Thierry Roquet est né en 1968 en Bretagne, il vit depuis quinze ans à Malakoff, dans la banlieue parisienne. Adolescence solitaire, études écourtées, divers boulots alimentaires, des lectures marquantes, une belle histoire d’amour, et puis la poésie en prose…
(Source : Site des « éditeurs singuliers »)
*
Quatrième de Couverture
La poésie en prose de Thierry se construit dans cet ouvrage par des graphies qui témoignent de ses sentiments bouleversés. Des cris écrits, des mots aux maux.
*
Page 14
Drôle de vie
rien de drôle quand
en parfaite solitude
une obsédante question
nous y convie sans fin
Les signes cachés, les alertes.
Pas vu, pas su.
Les signes avant-coureurs.
Pas pu, pas su.
Tu trembles comme une feuille.
Ce n’est pas le vent.
C’est une vieille et longue histoire.
*
Page 23
Qu’attendais-tu de moi
que tu n’attendais pas d’un.e autre ?
Tout simplement faits l’un pour l’autre
Ce n’était pas si simple
Usure et lassitude La mémoire est sélective
retient mieux le négatif
Qu’est-ce qu’on allait devenir : cette
fameuse récurrence Litanie sans répit
L’humour ne peut pas tout bien sûr
Me ressaisir ne pas flancher
Mais l’un sans l’autre jamais
*
Page 32
Les mots sont sous calmants.
Ici, je vais bien. Je vais toujours bien.
Je ne fais que ça: aller bien.
Là-bas, tu te promènes. Tu vas mieux.
Tu t’assieds sur un banc, oui tu te parles.
Parfois, tu te fais peur.
Les fantômes sont sous calmants.
L’intuition, la réalité.
Pas vu, pas su.
Drôle de vie
rien de drôle quand
en parfaite solitude
les issues sont verrouillées.
Le temps est sous calmant.
Thierry ROQUET
**