Dans la nuit de l’âme
Tu entends maintenant siffler les balles neigeuses
Lancées par les fantômes lucides
De tes vies passées
Le cœur est atteint
Il est trois heures du matin
Dans la nuit de l’âme
Et ta tête bonne pour la guillotine
Tombe de plus haut encore
Pour s’inscrire à la gauche du cœur
Il est trois heures du matin
Dans la nuit de l’âme
Et l’alcool à cette heure ne réchauffe rien
Pas même ces doigts bleuis
Par la perte et la déraison
Il faut maintenant tenir
Tordre l’aiguille
Des heures
En fixant le point vide
Où Dieu s’exorbite
– Oeil dévorant –
Tracer dans l’immensité des douleurs
Un cercle
Et se garder des hommes
Il est trois heures du matin
Dans la nuit de l’âme
Il n’y a à cette heure de paquet oublié
Devant ta porte
Pas même une voix dans la nuit
Pour te faire taire
Pour porter la contradiction
Il est trois heures du matin
Dans la nuit de l’âme
Cette fois la ville est espagnole
La mort sans dénomination
Bientôt l’aube viendra
Avec ses lâchers de taureaux et de chiens
Il est trois heures du matin
Dans la nuit de l’âme
L’âme fuit
Le corps ne demande pas son reste
***
Paul Vallée (Ayer’s Cliff 1970-2002) – Poème inédit