Depuis le 1er janvier 2023, la République Française a basculé dans le domaine sucré du Guichet Unique Numérique Pour Les Entreprises : ce site web technofuturiste est donc devenu, youpi youpi, l’unique point d’entrée des entreprises pour réaliser leurs tracasseries formalités administratives. Depuis, tout se déroule comme prévu : c’est un échec total.
Pour garantir ce plantage mémorable, les administrations concernées avaient mis tous leurs atouts possibles à la poubelle : calendrier irréaliste voté en 2019 avec une candeur d’irresponsables dans le cadre de la loi Pacte, utilisation de technologies poussives voire dépassées, pression de politiciens délicieusement incompétents, coordination inexistante, bordélique ou antagoniste des différents exécutants, rien n’a été laissé au hasard pour garantir une explosion en vol.
Magnifique échec, alors que, pourtant, tout avait fort mal commencé.
Dès septembre 2022, on murmurait déjà avec insistance, lors de formations en ligne organisées par l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI) qui gère le site, qu’il restait de petits dysfonctionnements par-ci par-là, notamment concernant le volet “modifications” du site. De nombreux experts-comptables, généralement mandatés pour suivre les entreprises et modifier leurs statuts le cas échéant, notaient cependant que … rien ne marchait.
Mais quatre mois avant le passage au guichet unique, on pouvait garder espoir.
Quelle touchante naïveté.
Dès le tout début janvier, le portail mis en place subissait une attaque informatique. Malgré des tests de sécurité, patatras, le site subissait ainsi, le 3 janvier, une attaque par déni de service provoquant “100.000 demandes de modifications à la seconde” selon Bercy (100 selon la police et 1.000.000 selon les syndicats).
Le samedi suivant, l’administration semblait avoir trouvé la parade. Ouf, le portail pouvait à nouveau recueillir les milliers de demandes diverses des entreprises… Pour les transformer immédiatement en cauchemar gluant : toujours selon Bercy (dont le patron est un certain Bruno Le Maire – coïncidence ?) la situation était telle après seulement un mois de cafouillages dantesques que 20.000 entreprises se retrouvaient à patauger dans les pénibleries administratives.
Et alors qu’un nombre toujours croissant d’entrepreneurs s’enfonçait doucement (sans gesticuler – ne jamais gesticuler) dans les sables mouvants de l’administration française, il fut discrètement décidé de mettre en place une procédure de secours, essentiellement composée de l’ancien site “Infogreffe”.
Avec le toupet qui caractérise les imbéciles, la direction de Bercy se félicite tout de même de cette magnifique catastrophe en notant qu’avant, 70% des démarches se faisaient sur papier alors qu’elles ne sont plus que 5 à 10% à présent, pendant que le nombre d’entreprises complètement englué dans les nasses numérico-bureaucratiques de ce guichet unique se compte en dizaines de milliers.
Il n’est qu’à lire l’invraisemblable situation de certains artisans ou chefs d’entreprises qui ont eu la douloureuse obligation d’en passer par cette … hum… disons innovation pour comprendre que le relativisme décontracté au ministère de l’Économie n’est qu’une posture malaisée pour camoufler un désastre : certains, privés de papiers officiels par l’incurie des gouvernants et des administrations, se retrouvent à devoir refuser des contrats, perdre du chiffre d’affaires voire mettre la clé sous la porte.
Et si la gestion des créations d’entreprise fonctionne à peu près (et Bercy s’en félicite bruyamment avec des petits gloussements rigolos), beaucoup d’entreprises ont du mal à déposer leurs comptes notamment si elles dépassent le délai de 30 jours après l’assemblée générale. Alors qu’il y avait jusqu’à présent une tolérance de la part des greffiers, l’application n’en a aucune et les dépôts sont retoqués, indépendamment même de la complexité des questions posées (on passe de trois questions jadis à 18 dans ce guichet unique, et dont certaines imposent une connaissance juridique très pointue hors de portée de la plupart des patrons de petites et moyennes entreprises).
La situation passe l’ubuesque en vitesse supraluminique lorsqu’on comprend que, notamment, l’absence de K-Bis pour une entreprise signifie aussi l’impossibilité pour cette dernière de collecter puis de verser correctement la TVA lors de ses transactions. Les cessations d’entreprises tombent dans le même trou noir administratif : inextricablement, les départs en retraite de chefs d’entreprise se transforment en casse-tête de passation, et les éventuels émoluments devant aller à l’État ne peuvent être calculés…
Autrement dit, avec cette souplesse et ce brio que seul peut se permettre un clown professionnel bardé de décennies d’expérience comique, Bruno Le Maire et sa brochette de camarades de Bercy, en imposant ce guichet unique, se sont tiré une balle dans le pied avec application : non seulement, ce couac mémorable va entraîner de nouveaux paquets dodus d’entreprises dans la faillite, mais en plus ceci va-t-il grêver les comptes publics de taxes non perçues au moment même où, toutes choses égales par ailleurs et tout guichet unique en panne, le niveau de faillites dans le pays s’envole.
Ce portail unique n’est qu’une nouvelle occurrence de ces plantages consternants et répétitifs de l’administration en matière d’informatisation.
À l’exception notable (et, pour tout dire, carrément louche) du prélèvement à la source dont la majeure partie du fardeau a été rejetée sans vergogne sur les entreprises et les particuliers, absolument toutes les autres expériences d’informatisation de l’administration française se sont terminées par des catastrophes mémorables pour les usagers et les contribuables.
Chorus, Louvois, paye des fonctionnaires, RSI, Parcoursup, j’en passe, l’administration française a ceci de spécifique qu’elle n’apprend jamais de ses erreurs : nimbée de cette certitude qu’elle a toujours raison et que ses plantages, pourtant catastrophiques et répétés, ne sont que le résultat d’une obstination idiote de la réalité à ne pas se plier à ses désirs, l’administration, ses responsables et les politiciens à la manœuvre remettent régulièrement le couvert pour nous offrir, à chaque fois, de nouveaux spectacles navrants d’échecs lamentables.
Or, si tout ceci n’est probablement pas essentiel à l’effondrement complet du pays auquel nous assistons actuellement, à n’en pas douter cela s’ajoute au désastre et impose de conclure que ce pays est foutu.
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