Chaque matin, au sortir de la nuit
Il faut, encore plongé dans les rêves,
Goûter ce noir nectar
Au parfum de tropiques.
Le humer lentement,
Et le respirer avec délice
Afin d’en percevoir
Le plus subtil parfum,
La quintessence aromatique.
Les yeux plongés dans le noir breuvage,
Encore ensommeillé
Et l’esprit plein de rêves,
On découvre alors un monde étrange
Et pourtant familier.
Mélange de songes évanouis et de pays lointains,
La boisson aux reflets métalliques
Vous emporte dans le monde que vous venez de quitter.
Les spectres de la nuit se devinent au fond de la tasse
Ainsi que les rêves évanouis et les désirs les plus fous.
Le passé défile et vos actions d’hier et d’avant-hier
Surgissent à la surface et s’évaporent lentement,
Emportées dans le parfum qui envahit la pièce.
Goûtez du bout des lèvres
Cette eau faite délice,
Sans vous presser jamais
Afin que tous vos souvenirs
Aient le temps de resurgir.
Puis regardez dehors,
Car connaître le temps qu’il fait
Est important pour celui qui voyage.
Ne vous dissipez pas.
Revenez aussitôt à la tasse fumante
Et contemplez-en les reflets.
Vos désirs et vos projets
Devraient déjà flotter en sa surface.
Si ce n’est point le cas,
Secouez lentement la tasse
En ayant soin de ne rien renverser
Afin de ne pas irriter les dieux.
Cette fois les projets seront là
Naviguant en ordre de bataille.
Une dernière fois, vous fermerez les yeux
Et respirerez fortement.
S’imposeront subitement des images d’outre-nuit,
Des contrées éloignées,
Des pays impossibles.
Buvez une gorgée, peut-être deux, et reposez la tasse.
Le présent, soudain, vous semblera accessible.
La nuit s’est dissipée, évanouie à jamais.
Reste le bel aujourd’hui et toutes les tâches à accomplir.
Prenez la route courageusement
Et si dehors il pleut,
Tout en marchant, repensez calmement
Au café matinal et à son parfum des tropiques.
Dans la moiteur de l’averse
Et l’odeur de la terre mouillée
Vous croirez vivre encore un réveil tranquille,
Quand vous étiez chez vous
Et que le goût du café vous aidait à oublier toute la nuit.