Le nordic noir n'est pas un genre nouveau et Blackwater reste droit dans ses bottes. On est alors plongé dans une lente affaire criminelle au beau milieu du paysage naturel suédois. Mais si sur le papier il y avait de quoi faire, Blackwater n'est finalement qu'un mirage. Ce n'est pas nouveau alors que l'on sent par moment la volonté de casser un peu les codes. Depuis que le genre a été popularisé en Europe et ailleurs, nombreuses sont les séries à se frotter au nordic noir. Kerstin Ekman a malheureusement du mal à créer quelque chose de palpitant et différent de tout ce que l'on a déjà pu voir arriver sur nos écrans. On retrouve alors les décors sauvages habituels et glaçants, cette ambiance boueuse et une affaire de meurtre qui pour le coup ici m'a laissé de marbre. Kerstin Ekman a beau adapter son propre roman et nous plonger dans quelque chose de différent des tempêtes de neige et ce froid glacial qui assomme souvent les séries de ce genre. On est ici en plein été suédois avec un soleil écrasant. Ce côté solaire aurait pu être mieux exploité et la façon dont Blackwater tente de nous rendre curieux a du mal à prendre.
Par une nuit d'été en 1972, deux touristes sont retrouvés assassinés dans une tente dans les montagnes du nord de la Suède. L'incident va bouleverser le destin de trois individus au hasard, qui seront liés pour le meilleur et pour le pire. Après des années à rester enfoui, cet épisode revient interférer avec leurs vies.
Blackwater a donc tous les ingrédients de la mayonnaise nordic noir mais n'en fait rien de nouveau. La série a beau tenter deux temporalités (on passe de 1991 à 1972 afin de décortiquer l'histoire), là aussi ce n'est qu'une mauvaise astuce narrative qui laisse finalement peu de marques au récit. C'est parfois même quelque chose qui dessert complètement Blackwater. Avec un côté plus lumineux qui change dans la mise en scène, la série n'apporte finalement rien d'autre de plus qu'une énième affaire de meurtre vue et revue. L'atmosphère étrange du récit a le mérite d'être présente et de se faire ressentir mais cela se fait au détriment d'un scénario plus étoffé. On sent que la série se concentre sur son ambiance plus que sur des personnages et l'affaire que l'on est sensé suivre. Avec une narration qui traine du début à la fin de ces deux premiers épisodes, difficile de se sentir pleinement engagés. L'enquête s'avère donc guère passionnante car l'on n'apprend pas à s'attacher aux personnages et à ce que la série veut faire d'eux. J'aime la nature suédoise, moins les récits creux comme celui-ci.
Note : 4/10. En bref, c'est très joli par son décorum mais c'est bien trop creux narrativement parlant pour accrocher pleinement.
Diffusée en avant première lors du Festival Séries Mania 2023