Bien dormir peut ajouter des années à la vie, conclut cet examen d’une équipe du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC, Boston) centré sur la corrélation entre 5 habitudes de sommeil, la santé globale et la santé cardiovasculaire. Ces données présentées lors du Congrès mondial de Cardiologie et lors de la Réunion scientifique annuelle de l’American College of Cardiology (ACC) réaffirme le sommeil au nombre des facteurs majeurs d’un mode de vie sain, et rappelle l’importance du « bien dormir pour bien vieillir ».
Un bon sommeil, c’est-à-dire de bonne qualité et de durée suffisante mais non excessive, peut jouer un rôle majeur dans le maintien du cœur et dans les résultats de santé globale. Ainsi, le sommeil peut même influer sur la durée de vie. L’étude révèle ainsi que les jeunes adultes qui ont de bonnes habitudes de sommeil ont un risque très réduit de décès prématuré.
8 % des décès, toutes causes, pourraient être corrélés à de mauvaises habitudes de sommeil
De précédentes études ont montré que dormir trop peu ou trop peut avoir un effet négatif sur le cœur. De plus, le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS), un trouble du sommeil qui induit des pauses respiratoires au cours du sommeil, peut entraîner un certain nombre de maladies cardiaques, notamment l’hypertension artérielle, la fibrillation auriculaire (FA) et des crises cardiaques.
Une relation dose-réponse claire est mise en lumière par cette étude : plus une personne a une qualité de sommeil optimale et plus élevée est sa réduction du risque de décès prématuré, toutes causes ou de cause cardiovasculaire.
Le co-auteur, le Dr Frank Qian, clinicien en médecine interne au Beth Israel Diaconess Medical Center et chercheur en médecine à la Harvard Medical School, commente ces données qui « soulignent qu’il ne suffit pas de dormir suffisamment, il s’agit aussi d’avoir un sommeil réparateur, de ne pas avoir trop de difficultés à s’endormir et à rester endormi ».
L’étude a porté sur les données de 172.321 personnes, âgées de 50 ans en moyenne, à 54 % de femmes, représentatives des différentes origines ethniques, participant à la National Health Interview Survey (2013-2018) et suivis durant un peu plus de 4 ans. Les chercheurs ont pris en compte
5 facteurs différents de la qualité du sommeil formant un score de sommeil « bénéfique » :
- la durée de sommeil idéale de 7 à 8 heures par nuit ;
- une difficulté à s’endormir limitée à 2 fois par semaine ;
- une difficulté à rester endormi limitée à 2 fois par semaine ;
- l’absence d’utilisation de somnifères ;
- la sensation de repos au réveil, au moins 5 jours par semaine.
A chaque facteur était attribué 0 ou 1 point, pour un maximum de 5 points, indiquant une qualité de sommeil optimale.
Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont un niveau socio-économique inférieur, le tabagisme et la consommation d’alcool et d’autres antécédents médicaux. L’analyse révèle que :
- au cours du suivi, 8.681 participants sont décédés ;
- parmi ces décès, 2.610 décès, soit 30 % étaient de cause cardiovasculaire, 2.052, soit 24 % liés au cancer et 4.019, soit 46 %, d’autres causes.
- vs les participants ayant un score de 0 (très mauvais sommeil), les participants ayant un score de 5 ont un risque réduit de 30 % de décès prématuré toutes causes, réduit de 21 % de décès de cause cardiovasculaire, réduit de 19 % de décès d’un cancer et réduit de 40 % de cause autre (accident, infection, maladie neurodégénérative…) ;
- parmi les participants ayant la meilleure qualité de sommeil (un score de 5), l’espérance de vie est plus élevée :
- de 4,7 ans pour les hommes et de 2,4 ans pour les femmes. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour expliquer pourquoi cet avantage de survie est 2 fois plus élevé chez les hommes.
De bonnes habitudes de sommeil s’avèrent associées à une durée de vie prolongée, concluent les auteurs : « Donc, si nous pouvions améliorer le facteur sommeil en général et améliorer la détection des troubles du sommeil, nous serions sans doute en mesure de prévenir une partie de cette mortalité prématurée ».
Ces interventions devraient intervenir dès le plus jeune âge, ajoutent les auteurs, l’étude actuelle ayant d’ailleurs estimé les gains d’espérance de vie à partir de 30 ans.
«Il est important que les jeunes comprennent que les différents facteurs de mode de vie combinent leurs effets qui s’accumulent au fil du temps. Comme on dit couramment
« Il n’est jamais trop tard pour faire de l’exercice ou arrêter de fumer »
« il n’est jamais trop tôt non plus pour adopter de bonnes habitudes de sommeil ».
Source: American College of Cardiology’s Annual Scientific Session Together With the World Congress of Cardiology (ACC) Feb, 2023 Low-risk Sleep Patterns, Mortality, and Life Expectancy at Age 30 Years: A Prospective Study of 172,321 U.S. Adults
Équipe de rédaction SantélogMar 23, 2023Équipe de rédaction Santélog